Dans un effort de compression de ses dépenses, Bombardier a décrété un gel salarial pour tous les employés qui ne sont pas soumis à une convention collective.

L'entreprise a communiqué cette mesure de limitation des coûts dans une note de service adressée aux employés la semaine dernière.

«Pour assurer notre réussite à long terme, nous devons continuer à gérer avec prudence nos activités, a écrit le vice-président principal aux ressources humaines et aux affaires publiques, John Paul Macdonald, dans la note de service. Il nous faut maintenir des contrôles plus stricts sur nos dépenses afin de mieux gérer notre trésorerie et accroître la rentabilité de Bombardier. C'est pourquoi, en plus des mesures de limitation des coûts déjà en place, les augmentations salariales annuelles qui seraient entrées en vigueur début mai pour les employés n'auront pas lieu.»

La directrice des communications de Bombardier, Isabelle Rondeau, a indiqué à La Presse Affaires que cette mesure s'appliquait autant aux employés de Bombardier Aéronautique qu'à ceux de Bombardier Transport et du siège social, et ce, à la grandeur de la planète.

Les employés couverts par une convention collective ou sujets à un processus statutaire (dans certains pays, les augmentations salariales sont régies par l'État) sont exclus du gel. Ces effectifs représentent environ la moitié des 76 400 employés de Bombardier dans le monde. Cela signifie que l'autre moitié, soit environ 38 000 personnes, est soumise au gel.

Bombardier vit déjà sous un régime de compression des dépenses depuis un certain temps. Les budgets de formation ont été réduits, et on gère de près les dépenses de voyage.

«Nous évitons les grosses réunions qui demandent le déplacement de nombreuses personnes pour privilégier la vidéoconférence», a indiqué Mme Rondeau.

Pression du marché

La pression s'est accentuée avec la divulgation des résultats du quatrième trimestre et de l'ensemble de l'exercice 2013, le 13 février dernier; des résultats qui ont déçu. Les analystes s'attendaient à un bénéfice net de 11 cents US par action (en excluant les éléments exceptionnels), ils se sont retrouvés avec un bénéfice net de 5 cents par action. En outre, l'entreprise a fait savoir qu'elle allait devoir investir 1,1 milliard de plus d'ici 2016 pour mettre au point la CSeries.

Le 13 février, lors de la publication des résultats, le titre de Bombardier a chuté de 8,9%, et Moody's a abaissé d'un cran la cote de crédit de l'entreprise.

«Nous avons franchi d'importants jalons dans le développement de nos produits et connu une autre année de solides commandes, a écrit M. Macdonald. Nous continuons cependant à faire face à des défis importants quant à l'atteinte de nos marges bénéficiaires et notre rendement financier est loin de satisfaire les attentes de nos actionnaires.»

Il a indiqué que la direction de Bombardier était consciente des conséquences du gel salarial sur les employés. Il a cependant expliqué que tous avaient un rôle à jouer dans la réussite de Bombardier.

«Tout au long de l'année 2014, il sera capital de respecter nos budgets, d'augmenter nos ventes et nos nouvelles commandes, de réaliser comme prévu les étapes clés de nos projets et d'honorer notre engagement en matière de rentabilité», a écrit M. Macdonald.

Mme Rondeau n'a pas voulu révéler les sommes que Bombardier prévoyait économiser en annulant les augmentations salariales prévues pour le mois de mai. Elle n'a pas voulu dire non plus quelle sera la durée du gel.

«Pour le moment, c'est pour une période indéterminée», a-t-elle simplement indiqué.

L'action de catégorie B de Bombardier a clôturé à 3,59$ à la Bourse de Toronto hier, soit un gain de 4 cents par rapport à la veille. Depuis le début de l'année, le titre de Bombardier a perdu 22% de sa valeur.