L'aéroport Montréal-Trudeau, qui a glissé au quatrième rang au Canada en terme d'affluence, a besoin d'une mobilisation politique pour redevenir une plaque tournante.

Des élus de Coalition Montréal, le conseiller Marvin Rotrand en tête, vont proposer une motion en ce sens à leurs collègues du conseil municipal, réunis en assemblée lundi et mardi. Le déclin relatif de l'aéroport Montréal-Trudeau, «c'est une décision politique, pas une décision d'affaires, estime M. Rotrand. On pense qu'il y a un marché à Montréal, si on donne un nouveau souffle à ce marché, si on donne des choix aux investisseurs qui veulent venir au Canada.»

Selon une étude de l'Université de Stanford, en Californie, citée en point de presse lundi matin par le conseiller, une liaison internationale génère des retombées annuelles de 100 millions. Avec 59 lignes aériennes, Toronto surclasse largement Montréal, qui n'en accueille que 29. En 2013, Calgary a évincé Montréal du troisième rang en terme d'achalandage, avec 14,2 millions de passagers, soit 100 000 de plus que la métropole québécoise.

Toronto (34,9 millions de passagers) et Vancouver (17,5 millions) sont les deux premières destinations au pays.

«L'oeuf ou la poule»

Le conseiller Rotrand dénonce au premier plan «les politiques publiques des 30 dernières années», qui ont favorisé le transfert des activités vers l'ouest du pays. «C'est clair qu'Air Canada a l'intérêt de garder le terminal 1 (à Toronto) comme plaque tournante. On pense qu'il y a un avenir à Montréal sans déplacer Toronto. Le gouvernement fédéral semble avoir des oeillères, il ne voit que la nécessité de voir Toronto comme plaque tournante pour tout le Canada.»

M. Rotrand, à titre de vice-président de la Société de transport de Montréal (STM) a dû défendre la semaine dernière la décision de couper 19 % des départs de la navette 747 cette année. Depuis un an, 30 % des départs ont ainsi été coupés pour cette navette qui a été utilisée par plus de 1,4 million de passagers en 2013.

«Le service était trop bon pour la demande, argue M. Rotrand. Nous regardons actuellement avec l'aéroport la modulation des horaires pour voir s'il y a des problèmes à certains moments de la journée. Quand on me dit qu'à certains moments, la 747 est passée avec seulement quatre passagers, ce n'est pas une bonne utilisation du service.»

Selon la même logique, les lignes aériennes ne pourraient-elles expliquer ainsi le transfert de leurs vols vers Toronto? «Ce n'est pas qu'une question de marché: il y a des décisions politiques qui ont été prises, répète M. Rotrand. C'est une question de l'oeuf ou de la poule. Si on offre des destinations, elles seront utilisées.»

La motion de Coalition Montréal passera vraisemblablement aux votes mardi. Le conseiller du district Snowdon s'attend à ce qu'une majorité de ses collègues l'appuient.

Coderre «d'accord»

Le maire de Montréal Denis Coderre s'est dit «d'accord avec le principe». «Attirer les investissements, conserver les sièges sociaux: il y a un lien direct avec les vols directs. Il manque de vols directs», a-t-il déclaré en point de presse à l'hôtel de ville. Il propose de confier un mandat à la commission sur le développement économique pour voir comment stimuler l'offre de vols directs.

Le maire assure également qu'il compte aborder le dossier des vols directs lorsqu'il entreprendra des voyages à l'étranger.

ADM répond

Le gestionnaire de Montréal-Trudeau, Aéroports de Montréal, a de son côté défendu son «trafic en croissance continue et une desserte aérienne de plus en plus étendue». On précise par communiqué que Montréal-Trudeau se situe au premier rang du Canada pour la part occupée par le trafic international excluant les États-Unis, «soit 38 % contre 9 % seulement pour Calgary, 23 % pour Vancouver et 33 % pour Toronto. Montréal-Trudeau est un aéroport résolument international, tandis que Calgary est un aéroport surtout domestique.»

«Il faut faire attention avec les comparaisons, déclare James Cherry, président-directeur général. La croissance rapide de Calgary au cours des dernières années s'explique en bonne partie par le développement des sables bitumineux, et ceci n'enlève rien à Montréal.»

- Avec la collaboration de Pierre-André Normandin