Le premier fabricant mondial d'engins de chantier Caterpillar, plombé depuis plusieurs trimestres par ses activités minières, a abaissé mercredi pour la troisième fois ses prévisions annuelles après de très mauvais résultats.

Une année «difficile», voire «douloureuse»: le PDG du groupe américain, Doug Oberhelman, ne cache pas sa déception.

Ses ventes de grues, pelleteuses et autres excavatrices, qui sont considérées comme un baromètre de la santé de l'économie, sont parties pour atteindre 11 milliards de dollars de moins qu'en 2012, à 55 milliards au total.

Caterpillar visait encore il y a trois mois un chiffre d'affaires entre 56 et 58 milliards de dollars, et en début d'année jusqu'à 68 milliards.

En termes de bénéfices, il n'espère plus que 5,50 dollars par action, contre encore 6,50 dollars en juillet et 7 à 9 dollars en janvier.

Il a dû revoir sa copie après des résultats très décevants au troisième trimestre, où son bénéfice net a plongé de 44% à 946 millions de dollars et son chiffre d'affaires de 18% à 13,4 milliards de dollars.

Comme les trimestres précédents, il invoque essentiellement des difficultés dans le secteur minier, où «les commandes n'ont pas beaucoup repris en dépit d'une production toujours solide de matières premières», selon son PDG. Elle a été particulièrement basse en Australie, et c'est d'ailleurs dans la région Asie-Pacifique que le chiffre d'affaires du groupe a le plus reculé (-32%), en dépit de bonnes performances en Chine (+30%) où il affirme faire mieux que ses concurrents.

«Ce ne sont pas juste les mines», estiment toutefois les analystes de Bank of America dans une note où ils estiment que Caterpillar «capitule sur ses prévisions». Ils relèvent que la déception du troisième trimestre vient avant tout des résultats des divisions de construction (les engins de chantier pour le BTP) et d'énergie (équipements pour l'exploitation pétrolière notamment), dont le chiffre d'affaires a baissé de 7%.

La chute dans la division minière est certes sans commune mesure (-42%), mais elle était plus attendue.

Nouvelles mesures d'économies en vue

Pour s'adapter à la situation, Caterpillar a fermé des usines, diminué ses effectifs mondiaux en un an de près de 13.700 personnes (-9% répartis à peu près à égalité entre temps pleins et temps partiels) et mis en oeuvre «des mesures généralisées d'austérité», a-t-il détaillé mercredi.

Depuis début 2013, ses coûts ont été réduits d'environ 700 millions de dollars et ses investissements d'environ 400 millions.

«Nous avons déjà fait beaucoup, mais nous prévoyons des actions plus profondes pour améliorer notre structure de coûts et nos comptes», a prévenu M. Oberhelman.

Le directeur financier, Brad Halversen, a parlé aux analystes de délocalisations de production entre les différentes usines du groupe et de «rationalisation» de certaines lignes de produits et de ses plus petites implantations, sans détailler l'amplitude des mesures.

Le groupe continue de faire état d'importantes incertitudes pour l'année prochaine où il vise pour l'instant un chiffre d'affaires stable comparé à cette année, avec une marge d'erreur de plus ou moins 5%.

«Il y a des signes encourageants mais aussi beaucoup d'incertitudes au niveau mondial (...) et notre prévision préliminaire reflète cette incertitude», a expliqué M. Oberhelman.

«La direction de la politique budgétaire et monétaire aux États-Unis reste incertaine», a-t-il souligné, relevant au passage que si la récente paralysie partielle de l'administration fédérale n'avait eu qu'un «impact minimal» sur Caterpillar, «le dysfonctionnement à Washington sur les trois dernières années n'a pas aidé l'économie à croître».

«Les économies européennes sont tout sauf en bonne santé et la Chine continue d'opérer une transition vers une économie soutenue davantage par la consommation des ménages», a-t-il aussi souligné.

Pour les experts de la banque d'investissements Jefferies, les signes que le creux de la vague est en vue pour Caterpillar «restent aléatoires», d'autant que le groupe est confronté à d'importants déstockages chez ses vendeurs désormais partis pour se prolonger en 2014.

À Wall Street, l'action Caterpillar perdait 6,19% à 83,65 dollars vers 14 h 15.