Le constructeur aéronautique américain Boeing a affiché une santé insolente au troisième trimestre grâce à l'aviation civile et malgré la morosité du secteur de la Défense et les déboires du 787, ce qui lui a permis de relever ses prévisions.

Le patron de l'avionneur, Jim McNerney, a dressé un tableau favorable du secteur, lors d'une conférence téléphonique mercredi. «Dans l'ensemble l'environnement est resté très positif», a-t-il noté, soulignant le carnet de commandes «record» du groupe, qui atteignait 415 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre.

Le bénéfice net de 1,16 milliard de dollars a progressé de 12% sur un an pour la période courant de juillet à septembre. Il ressort à 1,80 dollar hors éléments exceptionnels, très au-dessus du 1,55 dollar attendu en moyenne par les analystes de Wall Street.

Le chiffre d'affaires a progressé de 11% sur un an à 22,1 milliards de dollars, également supérieur aux attentes des analystes, tiré par l'aviation civile, en particulier le monocouloir 737, son avion le plus vendu, et le 787, son dernier-né.

En revanche le constructeur vient d'annoncer un ralentissement de sa production de 747-8 à cause d'une faible demande de fret.

Malgré «les incertitudes sur le marché de la défense américain» et un climat encore morose dans le fret, le groupe est donc en mesure de «relever ses prévisions 2013 de bénéfices et de flux de trésorerie», s'est félicité le PDG Jim McNerney.

Les prévisions de bénéfice par action pour l'année ont été relevées dans une fourchette comprise entre 6,50 et 6,65 dollars contre 6,20 à 6,40 dollars auparavant et celles des ventes s'affichent désormais entre 83 et 86 milliards de dollars, conforme aux prévisions de Wall Street.

L'action s'envolait de 4% à 127,24 dollars en début d'échanges à Wall Street, propulsant l'action à de nouveaux records historiques. Elle s'est envolée de 66% en neuf mois.

Forte demande de «Dreamliner»

Au total, 170 avions civils ont été livrés pendant le trimestre, contre 149 seulement un an plus tôt, ce qui a permis une augmentation de 14% des recettes de cette division.

Le groupe s'achemine vers un record annuel de livraisons et table sur 635 à 645 livraisons pour la totalité de 2013, dont plus de 60 Boeing 787, contre 601 appareils l'an dernier.

Parallèlement, Boeing affiche à la date du 15 octobre 890 appareils commandés, dont 131 B787 et 723 B737.

Le groupe de Chicago n'a donc nullement souffert des déboires techniques à répétition du 787. Il fait toujours l'objet d'une «forte demande» et Boeing a annoncé mercredi une montée en puissance du rythme de production du «Dreamliner», pour le faire passer de 10 appareils par mois prévus en fin d'année à 12 en 2016, avec l'objectif de 14 par mois fin 2019.

«Améliorer la fiabilité du 787 est notre première priorité (...), nous ne sommes pas encore satisfaits de la performance de l'ensemble de la flotte» du Dreamliner, a toutefois reconnu Jim McNerney.

La semaine dernière, un Dreamliner d'Air India a notamment perdu un panneau d'habillage en vol, et la semaine précédente un autre exemplaire de l'appareil appartenant à Japan Airlines avait dû rebrousser chemin pour un problème de toilettes. Norwegian Airlines a eu deux problèmes en septembre.

La division de défense a de son côté enregistré un chiffre d'affaires inchangé et son bénéfice opérationnel a reculé de 2% à cause d'une «baisse du volume de livraison» d'avions militaires, et malgré de bonnes ventes dans les divisions aérospatiales et de services de maintenance.

Elle a toutefois «engrangé 7 milliards de dollars de nouvelles commandes», a précisé M. McNerney, cité dans le communiqué.

À propos de la fermeture partielle du gouvernement pendant plus de deux semaines début octobre à cause d'une mésentente entre démocrates et républicains sur le budget et la dette des États-Unis, M. McNerney a souligné que «le plan d'urgence mis en place a réussi à minimiser l'impact du "shutdown" sur les comptes du groupe».