La commission européenne a relancé mercredi sa proposition de taxe carbone sur le transport aérien, qui serait appliquée pour les parties de vol effectuées au-dessus de l'espace européen, provoquant «l'inquiétude» des compagnies.

La commissaire européenne chargée du Climat, Connie Hedegaard, a proposé que toutes les compagnies aériennes acquittent une taxe carbone pour compenser leurs émissions de CO2 pour tous leurs vols effectués au-dessus de l'espace aérien de l'Espace économique européen, qui englobe les États membres de l'UE plus la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein.

«L'UE a le droit souverain de réglementer l'aviation dans son propre espace aérien», a soutenu lors d'un point de presse Mme Hedegaard, en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique.

L'association internationale du transport aérien (IATA), favorable à un dispositif mondial, a rapidement exprimé dans un communiqué «son inquiétude et sa surprise concernant la proposition de la Commission européenne sur l'application du dispositif sur les émissions carbone».

La proposition, qui doit encore être avalisée par les États membres de l'UE et le Parlement européen, risque de relancer la polémique entre l'UE et des pays comme la Chine, l'Inde et la Russie, qui contestent cette taxe carbone qui serait imposée à leurs compagnies aériennes.

Au départ, la Commission européenne envisageait une taxe sur les émissions de CO2 sur l'ensemble du trajet des compagnies aériennes qui décollent ou atterrissent en Europe. Cette proposition avait provoqué un tollé général et entraîné des mesures de rétorsion économique à l'encontre notamment de l'avionneur Airbus. Sous la pression, Bruxelles avait été contraint de geler son projet.

La nouvelle proposition de Mme Hedegaard intervient alors que l'Organisation internationale de l'aviation civile (OACI) a décidé au début du mois à Montréal de se donner jusqu'en 2020 pour réguler les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'aviation.

«Nous avons tous beaucoup travaillé pour parvenir à un consensus par le biais de l'OACI pour une régulation mondiale. Il est crucial que tout le monde, Europe comprise, reste focalisé sur cet engagement de régulation des émissions à partir de 2020», a affirmé le directeur général de l'IATA, Tony Tyler.

Interrogée pour savoir si sa proposition risquait de provoquer une levée de boucliers après l'accord obtenu à Montréal, Mme Hedegaard avait auparavant répondu par la négative. «Tous les pays respectueux du droit reconnaîtront que nous avons le droit de prendre les mesures que nous voulons dans notre espace aérien», a-t-elle dit.