L'annonce au début de la semaine de la vente des activités américaines de transport de lots brisés de Vitran a ouvert la voie à une offre d'achat de TransForce pour les activités canadiennes.

L'entreprise montréalaise a soumis mercredi soir une proposition "amicale" au conseil d'administration de Vitran.

À 4,50$ US par action, soit près de 100 millions US, il faudra maintenant voir si cette proposition sera acceptée puisqu'elle est nettement inférieure au prix en Bourse.

Le titre de Vitran a clôturé en hausse de 6% à 5,01$ US, hier au NASDAQ, ce qui fera assurément réfléchir les patrons de Vitran.

Si ces derniers rejettent l'offre et refusent de négocier, le grand patron de TransForce laisse savoir que sa proposition deviendra rapidement hostile et qu'il la présentera directement aux actionnaires.

«On pense qu'on fait une offre très, très généreuse. Le rendement des pauvres actionnaires de Vitran depuis cinq ans n'est pas fabuleux», dit Alain Bédard.

«Il y aura toujours des spéculateurs et des gens qui pensent que peut-être quelqu'un se présentera pour offrir plus. Ces pauvres gens ne savent pas le fond de l'histoire. Je ne sais pas qui va acheter ça pour 5$ l'action. Il y en a qui l'ont fait hier, mais nous ne sommes pas là.»

La valeur en Bourse est une chose, la valeur fondamentale en est une autre, mais TransForce a la capacité de bonifier son offre. Et le marché s'attend clairement à une offre supérieure.

Si les observateurs voient TransForce comme l'acquéreur canadien le plus logique pour Vitran au Canada, l'analyste Ben Vendittelli, de la Banque Laurentienne, croit qu'il reste possible qu'une entreprise américaine se présente avec une offre supérieure.

Point de départ?

À la BMO, Fadi Chamoun soupçonne que le prix de 4,50$ représente probablement un point de départ pour une négociation.

Alain Bédard dit avoir plusieurs arguments à présenter aux actionnaires de Vitran.

«J'ai fait de nombreuses transactions au pays au cours des dernières années. Il y a deux ans, j'ai acheté Quik X, société semblable à Vitran, pour moins de 45 millions. La différence, c'est que Vitran a un portefeuille immobilier et j'en ai tenu compte», dit-il en soulignant que l'actionnariat de Vitran est majoritairement américain.

«Ils se sont fait dire pendant plusieurs années que cette entreprise canadienne vaut de l'or. C'est correct, mais ce n'est pas de l'or. Les actionnaires ont perdu une fortune avec Vitran au cours des dernières années. Ils peuvent continuer avec la même équipe en espérant un autre miracle, ou ils acceptent notre offre extrêmement riche et raisonnable.»

Chez Dundee, l'analyste Maxim Sytchev estime que TransForce se trouve dans une situation gagnante. «Si l'acquisition de Vitran se concrétise, le marché applaudira l'élimination d'un concurrent. Et s'il n'y a pas de transaction parce que TransForce refuse de payer une prime, le marché applaudira la discipline des patrons.»

Il ne faut pas s'étonner de l'intérêt d'Alain Bédard pour Vitran, car les marchés spéculaient au début de l'année sur une possible offre d'achat à l'hiver.

Le conseil d'administration de Vitran a indiqué hier après-midi qu'il analysait la proposition en compagnie des avocats de l'entreprise et de conseillers financiers externes.

La proposition de TransForce est conditionnelle à la vente préalable par Vitran de son entreprise américaine de transport de lots brisés, annoncée lundi.

TRANSFORCE

> Symbole: TFI

> Siège social: Montréal

> Chiffre d'affaires: 3,1 milliards

> Profits en 2012: 154 millions

> Valeur boursière: 2 milliards

VITRAN

> Symbole: VTN

> Siège social: Toronto

> Chiffre d'affaires: 702 millions

> Pertes en 2012: 36 millions

> Valeur boursière: 85 millions