Avec la performance offerte par le premier avion d'essai de la CSeries hier, Bombardier (T.BBD.B) est confiante d'obtenir 300 commandes fermes d'ici l'entrée en service de la nouvelle famille d'appareils, dans 12 mois.

Le carnet de commandes de la CSeries ne compte actuellement que 177 commandes fermes. Bombardier a recueilli des commandes optionnelles et conditionnelles pour 211 appareils additionnels, mais celles-ci ne pourront être inscrites au carnet que lorsqu'elles seront finalisées.

Le président de Bombardier Avions commerciaux, Mike Arcamone, a noté que plusieurs clients actuels et potentiels de la CSeries avaient assisté au vol inaugural, hier matin. Selon lui, ils ont été agréablement surpris par le caractère silencieux de l'appareil. En fait, plusieurs ont failli manquer l'envol parce qu'ils parlaient entre eux et qu'ils n'ont tout simplement pas entendu l'avion s'élancer.

«Nous avons pu convaincre plusieurs personnes, des clients, de futurs clients, des fournisseurs, que l'appareil est vraiment silencieux, a déclaré M. Arcamone en conférence de presse, quelques minutes après l'atterrissage de l'avion d'essais. Ça démontre que c'est un produit très compétitif.»

Le peu de bruit émis par la CSeries est un des grands arguments de vente de Bombardier, tout comme la faible consommation de carburant et les niveaux peu élevés d'émissions polluantes.

Plusieurs clients en ville

Environ 70 représentants de clients actuels et potentiels de la CSeries étaient au Québec en fin de semaine pour participer à une séance d'information dans Charlevoix. Par un heureux hasard, Bombardier a terminé les essais de roulage à grande vitesse de la CSeries au cours de la fin de semaine, et la météo s'est montrée coopérative hier, ce qui a ouvert la porte à la tenue du vol inaugural.

Bombardier a donc ramené ces clients de Charlevoix à Mirabel hier matin pour l'événement.

«Je n'ai pas signé de contrats pour de nouvelles commandes, mais nous avons des négociations en cours avec les clients potentiels qui sont ici, a déclaré M. Arcamone. Je suis confiant d'atteindre 300 commandes fermes d'ici l'entrée en service.»

Cette entrée en service devrait avoir lieu dans 12 mois, après des mois d'essais et l'obtention de la certification de Transports Canada.

Un vol sans «surprise»

C'est avec neuf mois de retard sur l'échéancier initial que la CSeries a finalement pris son envol à 9h54 hier à Mirabel.

Le vent était un peu frais, mais le soleil était au rendez-vous pour l'événement.

L'avion d'escorte, un biréacteur d'affaires Global 5000, avait décollé quelques minutes auparavant, à 9h51. Cet appareil a suivi l'avion d'essai pour observer son comportement en vol.

«Le vol s'est passé comme prévu, a commenté le pilote de l'appareil, Chuck Ellis, quelques minutes après l'atterrissage. Il n'y a pas eu de surprise.»

Il y a bien eu un léger pépin, un message provenant d'un sous-système.

«C'est le genre de message qui ne forcerait pas l'interruption d'un vol commercial, a affirmé M. Ellis. Nous avons donc effectué une petite correction et nous avons poursuivi la mission.»

Pendant son envolée de deux heures et demie, l'appareil, qui comprenait un équipage de trois personnes, a atteint une altitude de 3810 mètres et une vitesse de 426 kilomètres à l'heure. Il a essentiellement survolé les Basses-Laurentides pour demeurer à proximité de l'aéroport de Mirabel et des instruments de télémétrie qui s'y trouvaient.

L'appareil a atterri vers 12h22 après avoir effectué un vol à basse altitude au-dessus de la piste d'atterrissage pour saluer la foule, soit environ 2700 employés et 300 invités de Bombardier, réunis dans des gradins sur le bord de la piste.

Le personnel participant prendra une journée de congé bien méritée aujourd'hui, puis commencera demain à analyser les données obtenues lors du premier vol.

La nouvelle famille d'appareils de 110 à 135 places de Bombardier est extrêmement importante pour l'entreprise. Le programme aura nécessité des investissements de 3,9 milliards de dollars US. C'est plus que le montant de 3,4 milliards US prévu, mais en vertu des nouvelles normes comptables, il faut prendre en compte les intérêts dans le total, soit environ 500 millions US.

Le grand patron de Bombardier, Pierre Beaudoin, a indiqué que l'entreprise entendait produire environ 120 appareils par année lorsque la production sera à son maximum. Il estime que ce programme procurera des revenus de cinq à huit milliards US sur cinq ans.