Les incidents se multiplient sur le 787 «Dreamliner», dernier-né de Boeing déjà cloué au sol trois mois cette année pour des problèmes de batterie, mais le groupe n'y voit rien d'anormal pour un jeune appareil.

Une source du secteur aéronautique a indiqué vendredi à l'AFP qu'un 787 de Qatar Airways était immobilisé depuis lundi à Doha après un incident sur un panneau électrique qui aurait conduit à une surchauffe. Un porte-parole de la compagnie à Londres a confirmé un «incident très mineur», sans détailler.

Des médias ont parallèlement évoqué vendredi d'un dégagement de fumée sur un autre 787, opérant un vol intérieur pour Air India. La compagnie évoquerait elle aussi un «incident mineur».

La japonaise All Nippon Airways (ANA) a annoncé pour sa part, toujours vendredi, avoir trouvé des batteries défectueuses sur deux balises de détresse de 787, une avarie soupçonnée d'avoir été à l'origine d'un incendie à bord d'un appareil du même modèle d'Ethiopian Airlines début juillet à Londres.

«Le couvercle du câblage de deux batteries de balises de détresse était légèrement abîmé», a indiqué un porte-parole d'ANA, qui compte les renvoyer au fournisseur, le groupe américain Honeywell.

Boeing n'a pas voulu faire de commentaire sur les incidents pris isolément, renvoyant sur les compagnies aériennes concernées.

«Le 787 est un bon avion, et nous savons qu'il va continuer à susciter une attention accrue en cas d'événements concernant la fiabilité», a toutefois indiqué une porte-parole du constructeur.

«Tout nouvel avion rencontre des problèmes de fiabilité de composants au moment de sa mise en service», a-t-elle assuré, et «dans l'ensemble» le 787 fait jeu égal avec un autre gros porteur du groupe, le 777, au début de son exploitation commerciale.

«Cela étant dit, nous continuons de concentrer nos efforts sur l'amélioration de la fiabilité du 787», a-t-elle ajouté.

Le programme 787 accumule les déboires. Après beaucoup de retards, l'appareil est entré en service en octobre 2011 et Boeing dit en avoir livré à ce jour 70 exemplaires à 13 compagnies.

Le coup le plus dur a été une interdiction de vol pendant trois mois dans le monde entier à la suite de deux incidents en janvier, impliquant des batteries lithium-ion: un incendie sur un avion de JAL à Boston et une surchauffe avec émission de fumée sur un appareil d'ANA au Japon.

Après l'incident de l'avion d'Ethiopian Airlines à Londres, les autorités britanniques ont recommandé de désactiver les balises de détresse de tous les 787. L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) et l'agence européenne de sécurité aérienne (EASA) ont ordonné aux transporteurs opérant aux États-Unis et en Europe de les enlever ou de les inspecter.

Le même jour que l'incendie de Londres, un Dreamliner de Thomson Airways avait dû revenir se poser à Manchester peu après son décollage. La semaine dernière, un appareil de JAL parti de Boston pour Tokyo faisait aussi demi-tour, «pour raison de maintenance».

«Il paraît évident que cet avion n'est pas fiable», a estimé la semaine dernière le directeur commercial du concurrent européen Airbus, John Leahy.

«John s'est laissé emporter», a répondu mercredi le PDG de Boeing Jim McNerney, affirmant que les clients continuaient à «fortement soutenir cet avion».

Les problèmes du 787 n'ont pas empêché Boeing de publier mercredi des résultats meilleurs que prévu pour le deuxième trimestre et de relever ses prévisions annuelles.

Le dreamliner n'est toutefois pas le seul à lui causer des soucis. La FAA a annoncé vendredi vouloir lui infliger une amende administrative de 2,75 millions de dollars, lui reprochant de n'avoir pas respecté ses obligations de contrôle de qualité entre 2008 et 2010 sur le 777.