La compagnie aérienne à rabais britannique easyJet a passé mardi une commande géante d'Airbus afin de nourrir sa croissance, une opération au centre de sa brouille avec son fondateur et premier actionnaire Stelios Haji-Ioannou.

Alors que se tient le salon aéronautique du Bourget près de Paris, easyJet a indiqué avoir signé un accord préliminaire avec l'avionneur européen portant sur la commande de 135 moyen-courriers A320, dont 100 A320neo, appareils dotés de nouveaux moteurs plus performants.

Une commande d'une valeur de 11,9 milliards de dollars, selon des prix catalogue communiqués par easyJet qui a indiqué avoir obtenu un «rabais très substantiel». Selon des sources aéronautiques, le montant réel de la commande s'élèverait à environ 6 milliards.

La compagnie à bas coûts, dont la flotte n'est composée que d'Airbus, dispose par ailleurs d'une option pour acquérir jusqu'à 100 A320neo supplémentaires.

Cet accord, conclu «après un processus de sélection très concurrentiel» entre Airbus et Boeing, sera soumis à «l'approbation des actionnaires», a tenu à préciser easyJet, alors que son fondateur et premier actionnaire, Stelios Haji-Ioannou, était vent debout depuis des mois contre la volonté de la direction de procéder à une commande géante d'appareils.

Fin janvier, il avait menacé de continuer à se désengager du capital si la direction passait une telle commande, après avoir franchi à la baisse avec sa famille le seuil de 37%.

Réagissant mardi à cette commande, Sir Stelios a jugé que cet «énorme investissement (...) posait naturellement plus de questions qu'il n'amenait de réponses».

«Nous poserons nos questions lorsque nous aurons vu la lettre complète aux actionnaires qui devra inclure le prix à payer pour chaque avion et la hausse des bénéfices que chacun de ces avions apportera», a ajouté l'entrepreneur.

Il n'aura toutefois pas la capacité de saborder seul cette opération, qui nécessitera le feu vert de 50% des actionnaires lors de l'assemblée générale qui devrait se tenir le 11 juillet.

Les autres actionnaires saluaient au contraire cette commande, le titre easyJet étant en tête de l'indice vedette FTSE 100 à la Bourse de Londres avec une progression de 3,04% à 1290 pence, dans un marché en hausse de 0,85%.

La direction d'easyJet a mis en avant le rabais obtenu et souligné l'importance de cette opération pour la croissance de la compagnie qui exploite plus de 600 lignes dans trente pays, avec une flotte de plus de 200 Airbus.

«Airbus a proposé le meilleur accord, à un prix comportant un rabais par rapport au prix catalogue plus important que lors de la commande d'easyJet de 2002 qui fait date», a commenté sa directrice générale, Carolyn McCall.

«C'est un très bon résultat pour easyJet, nos actionnaires et nos passagers», qui permettra à la compagnie «de poursuivre sa stratégie couronnée de succès» grâce à laquelle elle garantit aux actionnaires «croissance rentable et retour sur investissement», a-t-elle ajouté.

Le nouveau président d'easyJet, John Barton, a assuré de son côté que cette commande, qui va selon lui augmenter les dividendes, allait être «financée sans faire appel aux actionnaires».

Les 35 appareils A320, qui sont la confirmation d'une option d'achat existante, seront livrés entre 2015 et 2017 tandis que les 100 A320neo, commandés dans le cadre d'un nouvel accord, seront livrés entre 2017 et 2022.

Ce sont 85 de ces 135 appareils qui remplaceront des appareils vieillissants au sein de la flotte de la compagnie.

Le directeur commercial d'Airbus John Leahy a indiqué pour sa part que l'avionneur était «très heureux que (ses) appareils, connus pour leur régularité opérationnelle hors pair, aient répondu aux critères très exigeants d'easyJet».