Le fabricant canadien de motoneiges, de motomarines et de véhicules tout-terrain BRP a fait sa rentrée officielle en force à la Bourse de Toronto, hier, 10 ans après la fermeture du capital de Bombardier Produits Récréatifs par la famille fondatrice et ses partenaires financiers, Bain Capital et la Caisse de dépôt et placement.

Les 12,2 millions d'actions avec droit de vote subalterne nouvellement émises au prix unitaire de 21,50$ par l'entreprise de Valcourt ont été inscrites à la cote de la Bourse de Toronto au prix de départ de 24,66$ pièce. Elles ont évolué entre un sommet de 25,19$ et un bas de 24,66$ pour clôturer leur première séance officielle à 25$ pile, sur un volume moyen et dans un marché par ailleurs morose.

Le titre, dont le symbole est DOO, s'échangeait depuis une semaine sur la base de «dès parution», c'est-à-dire pour livraison ultérieure. Il s'était rapidement apprécié à près de 24,00$ sur un très fort volume de transactions dès sa première journée à la cote, pour ensuite aller tâter les 25$ dans des élans nettement plus enthousiastes que le marché, au cours des séances suivantes.

Le lot d'actions de 262 millions de dollars émis par l'entreprise de Valcourt dans le cadre d'un premier appel public à l'épargne (PAPE) vaut ainsi aujourd'hui plus de 300 millions, et BRP peut revendiquer une valeur boursière de 2,8 milliards de dollars, tout de même près de la moitié de la capitalisation de la société Bombardier dont elle est issue.

Il est à prévoir que le syndicat de preneurs fermes profitera de l'aubaine et exercera son option de surallocation visant 1,8 million d'actions supplémentaires, dans les 30 prochains jours. Le produit brut supplémentaire de 39,3 millions doit aller au fonds de roulement de l'entreprise, alors que le produit du placement principal va au remboursement partiel de la dette.

Une conjoncture exceptionnelle

Les émetteurs ont profité du meilleur moment pour compléter le plus important PAPE de l'année au Canada, ce qui a permis à BRP d'obtenir le maximum convoité pour ses actions, malgré le gros dividende spécial versé à ses actionnaires de la première heure et le lourd endettement légué aux nouveaux porteurs. Les sociétés comparables Polaris Industries et Thor Industries ont progressé d'environ 15% en Bourse pendant que les courtiers de BRP sondaient l'intérêt des investisseurs pour ses actions, dans les premières semaines de mai.

L'industrie des véhicules récréatifs, qui s'apparente plus à l'industrie du luxe qu'à celle du transport, profite elle-même d'une conjoncture exceptionnelle et jouit d'un grand succès boursier depuis quatre ans. Ces entreprises reçoivent des valorisations boursières élevées allant jusqu'à 20 fois les profits courus, comparativement à 16 fois pour la moyenne des 500 plus grandes entreprises cotées américaines. BRP, qui a nettement redressé ses affaires ces trois dernières années, se trouve dans la fourchette supérieure des anticipations avec un ratio de 21 fois les bénéfices courants.

Aucun analyste financier ne s'est encore aventuré à évaluer les actions de BRP, par devoir de réserve, la plupart des grandes firmes financières canadiennes ayant participé à la colossale émission.