Lockheed Martin fait miroiter des retombées industrielles de 10 milliards de dollars au Canada pour faire mousser la candidature du F-35 (LMT), le Joint Strike Fighter. Le gouvernement conservateur a lancé en décembre dernier un nouveau processus pour remplacer sa flotte d'avions de combat CF-18.

Le gouvernement avait d'abord choisi le F-35, mais des rapports négatifs, notamment du vérificateur général, l'ont forcé à refaire ses devoirs et à considérer les cinq appareils qui pourraient répondre à ses besoins: le F-18 Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault, l'Eurofighter Typhoon d'EADS, le Gripen de Saab et le F-35.

Lockheed Martin a organisé un webinaire hier, le premier destiné à des Canadiens, pour faire valoir les caractéristiques du F-35 et ses retombées pour l'économie canadienne.

Le vice-président du programme d'intégration et de développement des affaires du F-35, Steve O'Bryan, a ainsi souligné que plus de 70 entreprises canadiennes participaient déjà au programme.

On parle notamment d'Héroux-Devtek, de Montreal Carbide, d'Howmet-Laval et de Pratt&Whitney Canada.

M. O'Bryan a fait observer que l'industrie aéronautique canadienne avait eu le droit d'approcher Lockheed Martin et de décrocher des contrats parce que le gouvernement canadien avait investi dans le développement de l'appareil.

«La valeur des contrats atteint déjà 450 millions de dollars et devrait excéder 10 milliards de dollars d'ici 2039», a-t-il soutenu.

Il a ajouté que, contrairement à d'autres types de programmes de retombées industrielles, les entreprises canadiennes participantes fabriquaient des pièces pour les 3100 appareils déjà commandés partout dans le monde, et pas uniquement pour les 65 appareils destinés au marché canadien.

M. O'Bryan a affirmé que les contrats que ces entreprises pouvaient décrocher auprès de Lockheed Martin leur permettaient de développer des technologies à la fine pointe et d'obtenir ainsi un avantage concurrentiel dans le secteur de l'aviation commerciale. Le fait que le programme devrait s'étaler sur une quarantaine d'années permet également de donner une bonne base à long terme pour ces entreprises.

Les questions posées par les participants au webinaire ont cependant porté davantage sur le coût et la capacité du F-35. M. O'Bryan a reconnu que les premiers appareils produits avaient été particulièrement dispendieux.

«Entre la première année de production et la cinquième, le prix a chuté de 50%, a-t-il toutefois fait valoir. La livraison des appareils au Canada se produira à la neuvième année de production, en 2020. Le prix moyen tournera alors autour de 85 millions de dollars, c'est-à-dire 75 millions en dollars de 2012.»

M. O'Bryan a soutenu que ce prix ressemblait à celui des appareils de quatrième génération (soit les appareils en exploitation), alors que le F-35, un appareil de cinquième génération, a plus de capacité.

«Il est plus rapide, il va plus loin, il s'agit d'un véritable avion furtif», a soutenu Billie Flynn, pilote d'essai du F-35 et ancien pilote de la Force aérienne canadienne.

M. Flynn a soutenu qu'il était maintenant essentiel d'avoir un avion furtif pour réaliser des missions dans des zones de conflit, mais aussi lors de missions de surveillance en Arctique. «Ça permet de se rendre et de revenir sans se faire détecter», a-t-il déclaré.

M. Flynn a indiqué qu'il avait déjà piloté des appareils F-18 et Typhoon et qu'il les aimait bien. Mais si ces appareils sont encore très bons aujourd'hui, ce ne sera pas nécessairement le cas dans 10 ou 20 ans, a-t-il ajouté.