Les compressions budgétaires à la douane américaine n'ont pas encore causé trop de désagréments aux passagers de l'aéroport Montréal-Trudeau à destination des États-Unis.

Mais le pire s'en vient.

À l'aéroport montréalais, les passagers se font prédédouaner par des agents américains avant de monter à bord de leur vol pour les États-Unis.

«Pour l'instant, nos temps d'attente sont légèrement à la hausse, soit de 15 à 20 minutes de plus qu'avant aux périodes de pointe», a indiqué la vice-présidente aux affaires publiques d'Aéroports de Montréal (ADM), Christiane Beaulieu, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Ces périodes de pointe ont surtout lieu le matin, entre 6h et 8h.

ADM a réussi à limiter les dégâts avec des mesures de mitigation. Mais, surtout, les temps d'attente ne sont pas encore très importants parce que la douane américaine n'a pas encore mis en oeuvre le gros des coupes.

«À cause de la relâche scolaire, nous avons regardé avec eux si c'était possible de retarder l'effet total, a indiqué Mme Beaulieu. Mais à partir de la mi-avril, ils vont réduire les effectifs de 20%. Ça ne va pas aller en s'améliorant.»

ADM devra donc maintenir les mesures de mitigation en place et trouver des solutions additionnelles.

Jusqu'ici, ADM a réussi à limiter les temps d'attente dans la salle de la douane américaine en contrôlant l'entrée des passagers: si un passager arrive très en avance alors que la salle est pleine, on l'invite gentiment à aller prendre un café avant de se présenter de nouveau.

«En regroupant les gens selon leurs heures de départ, presque personne n'a manqué son vol», a déclaré Mme Beaulieu.

Dans des avis sur son site internet et sur sa ligne téléphonique, ADM fait savoir aux passagers qu'il pourrait y avoir des temps d'attente plus importants qu'à l'habitude, ce qui peut les inciter à prévoir plus de temps à l'aéroport.

Il faudra cependant de nouvelles mesures. ADM discute notamment avec la douane américaine au sujet de l'installation de bornes de contrôle automatisées, comme celles qui existent dans la salle d'arrivée internationale. Les passagers sont invités à numériser leur passeport sur ces bornes, ce qui permet de réduire le temps passé devant un douanier en chair et en os.

ADM aurait pu remettre le problème entre les mains des Américains en envoyant directement les passagers de certains vols sans prédédouanement, ce qui les aurait amenés à se faire dédouaner à l'arrivée. Mais comme la douane est déjà surchargée dans les grands aéroports américains, cette solution n'a pas été retenue.

Pas d'exode prévu

ADM a toutefois une consolation: il est peu probable que cette situation se traduise par un exode des passagers vers les aéroports de Plattsburgh et de Burlington.

Mme Beaulieu a rappelé que ces passagers auraient à passer la douane à la frontière, notamment à Lacolle, et à devoir attendre à cet endroit. En outre, dans les aéroports américains, les agents qui sont responsables de la fouille des passagers sont aussi touchés par les compressions budgétaires, ce qui entraîne de l'attente supplémentaire.

«Les passagers sont doublement pénalisés», a lancé Mme Beaulieu.

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La technologie à la rescousse

En dépit des compressions budgétaires, les camionneurs du Groupe Robert n'ont pas subi d'attente inhabituelle à la douane américaine.

«Il faut comprendre que les coupes ne sont pas toutes nécessairement en place, a indiqué le vice-président au marketing du Groupe Robert, Jean-Robert Lessard, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. C'est progressif.»

Mais la technologie est également venue en aide aux camionneurs. «Avec les avancées technologiques, les grandes entreprises de camionnage transmettent toutes les informations au poste frontière à l'avance, a expliqué M. Lessard. Ça nous permet de passer rapidement.»

Évidemment, cette nouvelle façon de faire n'exempte pas les camionneurs des inspections occasionnelles, menées au hasard.

M. Lessard a insisté sur l'importance de transmettre l'information juste et précise, mais aussi sur l'importance d'avoir des camionneurs bien au fait de la réglementation.

«Nous n'avons pas eu de délais particuliers, a-t-il affirmé. Nous avons déjà vécu des heures plus pénibles que ça, notamment après le 11-Septembre.»

La réduction du nombre de douaniers a toutefois eu un effet bien visible pendant la fin de semaine de Pâques, lorsque des centaines de Québécois se sont précipités à la frontière pour aller passer le congé pascal à New York.

À 8 h, le Vendredi saint, une quarantaine d'autocars de tourisme étaient immobilisés au poste Champlain, à Lacolle, en attente de la visite d'un agent frontalier. L'attente pouvait durer jusqu'à trois heures et demie.