De nouveaux bateaux à la fine pointe de la technologie navigueront sur la Voie maritime du Saint-Laurent cette saison, une première pour les transporteurs maritimes domestiques en près de 30 ans, rendue possible grâce à une conjonction de facteurs incluant l'abolition d'un droit de douane de 25 % à l'achat de navire neuf étranger.

Le transporteur Canada Steamship Lines (CSL) a pris livraison d'un premier laquier tout neuf, trois autres suivront cette année.

En tout, l'armateur prendra livraison de 6 nouveaux laquiers d'ici le printemps 2014.

Il s'agit d'un premier achat de bateau de la nouvelle génération par un transporteur maritime domestique en près de 30 ans.

L'investissement totalise 300 millions approximativement.



«C'est quelque chose dont on est très fier, dit, dans une entrevue, Louis Martel, président de la division canadienne de CSL. Ça fait dix ans que l'on travaille à renouveler notre flotte. C'est maintenant un bon temps d'investir dans le renouvellement de notre flotte.»

M. Martel mentionne comme facteurs décisifs la parité du dollar canadien avec le billet vert américain, la déflation des prix dans les chantiers maritimes chinois et à l'abolition du droit de douane en 2010.

Habituellement fort discrète, l'entreprise montréalaise appartenant aux trois fils de l'ancien premier ministre libéral Paul Martin invite les médias à visiter le Baie St Paul, aujourd'hui (vendredi matin) à l'écluse de Saint-Lambert à l'occasion de l'ouverture de la 55e saison de navigation de la Voie maritime du Saint-Laurent.

Hausse de 4 % du tonnage sur la Voie maritime en 2012

L'an dernier, 39 millions de tonnes de marchandise, en hausse de 4% en un an, ont transité par la voie navigable canado-américaine, qui part de Saint-Lambert, à l'est, au canal Welland entre les lacs Ontario et Érié, à l'ouest.

Avec l'économie américaine qui reprend de la vigueur, la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent espère franchir le cap des 40 millions de tonnes entre le 22 mars et la fin décembre 2013.

La Corporation a de plus obtenu l'engagement des deux pays pour investir 400 millions de dollars d'ici 2018 dans la mise à niveau de ses équipements, de dire Terence Bowles, président et chef de la direction de la Corporation, dans un entretien à La Presse.

Plus volumineux le Baie St. Paul, mais moins énergivore

Construit au chantier naval de Jiangyin, en Chine, le Baie St Paul est un laquier autodéchargeur de la classe Trillium, ayant une capacité de 30 000 tonnes de cargaison et mesurant 740 pieds de long par 78 pieds de large, soit deux pieds plus larges que la génération précédente.

Un laquier circule uniquement sur les Grands Lacs et la Voie maritime.

Les 18 membres de l'équipage bénéficieront d'un équipement à la fine pointe de la technologie. «Le Baie St. Paul utilise 15 % de moins de carburant que notre flotte existante», précise M. Martel. 

CSL emploie 80 personnes à son siège social au square Victoria et compte jusqu'à 800 employés permanents au Canada.

Selon M. Martel, CSL domine l'industrie du cabotage sur le côté canadien de la Voie maritime en compagnie d'Algoma Central Corporation, de Ste Catherines, en Ontario.

Les 20 navires de CSL Canada transportent 22 millions de tonnes de marchandises annuellement sur les Grands Lacs, un chiffre stable depuis la crise de 2007-2008.

CSL se spécialise dans le vrac solide et ne touche ni au pétrole ni aux conteneurs. Historiquement, CSL remontait le fer à Hamilton et auprès des aciéries américaines et redescendait du grain.

«Aujourd'hui, on voit le fer et le charbon descendre des Grands Lacs pour ensuite être exportés vers l'Asie», explique M. Martel. Le hic, les laquiers de CSL sont pris à remonter la Voie maritime allège plus souvent que jadis.