Pour la deuxième fois, l'US Air Force (USAF) a rejeté un avion turbopropulsé militaire présenté par l'avionneur américain Beechcraft et quelques partenaires, donc les sociétés québécoises Pratt & Whitney Canada, CAE et CMC Esterline.

L'USAF a plutôt choisi le Super Tucano, un appareil présenté par l'avionneur brésilien Embraer et la société Sierra Nevada. Le contrat, d'une valeur de 427,5 millions de dollars US, porte sur la livraison de 20 appareils. Des commandes subséquentes pourraient faire grimper la valeur totale du contrat à 950 millions US.

Les 20 appareils, des avions légers de soutien, sont destinés aux forces afghanes, alliées des États-Unis. L'USAF entend commander 15 appareils supplémentaires pour servir d'avions d'entraînement pour ses propres pilotes.

Un contrat, deux rejets

Dans le cadre d'un premier appel d'offres, l'USAF avait accordé en novembre 2011 le contrat au consortium formé par Embraer et Sierra Nevada. Hawker Beechcraft avait allégué des irrégularités et avait déposé un appel en Cour fédérale. L'avionneur faisait valoir que ses partenaires et lui avaient investi plus de 100 millions US pour répondre aux critères de l'USAF.

L'US Air Force a finalement annulé le contrat en février 2012. Il a ordonné une enquête sur le processus d'attribution, qui a révélé certaines faiblesses, notamment au niveau de la documentation.

L'USAF a nommé une nouvelle équipe de sélection et a relancé le processus d'appel d'offres en mai 2012. Cette équipe a choisi le Super Tucano d'Embraer.

« Je suis persuadé que le processus de sélection a été discipliné et méticuleux «, a soutenu le général CR Davis, du Bureau du sec réta i re adjoint aux approvisionnements de l'US Air Force, dans un communiqué.

Beechcraft s'est montré déçu. L'avionneur avait présenté l'AT-6, un appareil qui devait être assemblé à Wichita, au Kansas. CMC Électronique, une filiale montréalaise de la société américaine Esterline, devait fournir de l'équipement avionique pour l'appareil. Le fabricant de simulateurs de vol CAE était responsable du volet formation. De son côté, Pratt&Whitney Canada (P&WC) devait fournir les moteurs du AT-6. Cela dit, P&WC motorise également le Super Tucano. Le motoriste de Longueuil était donc gagnant quelle que soit la décision.

Un coup dur pour Beechcraft

Beechcraft est indéniablement le grand perdant dans toute cette affaire. L'entreprise vient tout juste de compléter une difficile réorganisation. Elle s'était placée sous la protection de la loi américaine sur les faillites en mai 2012 alors qu'elle portait encore le nom d'Hawker Beechcraft et qu'elle fabriquait des appareils turbopropulsés et des biréacteurs d'affaires. Il s'agissait alors d'un concurrent de Bombardier Aéronautique.

Dans le cadre de sa réorganisation, Beechcra f t a dû la isser tomber toute sa division de biréacteurs d'affaires. L'avionneur se concentrera désormais sur les appareils turbopropulsés civils et militaires.