L'un des plus gros transporteurs ferroviaires des États-Unis, CSX, s'amène dans l'est du Canada avec l'implantation d'une gare de triage intermodale de plus de 100 millions de dollars à Valleyfield, afin de faciliter l'accès à son vaste réseau qui relie 23 États de l'est.

Or, cette expansion qui sera confirmée aujourd'hui avec une aide de millions de dollars du Québec inquiète les acteurs dans le milieu du transport maritime et ferroviaire à Montréal.

Au Port de Montréal, on craint que cette expansion de CSX si proche de son carrefour de transport intermodal ne s'avère un moyen de détourner un volume croissant de marchandises vers les ports concurrents de la région de New York, sur la côte est américaine.

De plus, on craint que cette concurrence accrue se fasse le plus sentir dans le principal marché du Port de Montréal: le transbordement de conteneurs entre les navires océaniques et les transporteurs ferroviaires canadiens (CN et CP) qui desservent l'est du Canada et des États-Unis.

«L'expansion de CSX dans la région de Montréal n'est pas une bonne nouvelle pour le Port et ses transporteurs ferroviaires comme le CN. Avec cette nouvelle gare de triage si près de Montréal, CSX pourrait déclencher une guerre intermodale afin d'amener plus de volume sur ses voies qui relient les ports de l'est des États-Unis, en particulier la région de New York», explique Yves Gilson, porte-parole du Port de Montréal.

Une perte qui tomberait mal

Cette perte appréhendée de volume intermodal sur les quais montréalais pourrait survenir à l'importation comme à l'exportation. Elle surviendrait aussi alors que le Port de Montréal vient de subir une baisse de 3,4% du son volume annuel de conteneurs. La principale raison: la récession en Europe, le principal marché des armateurs transatlantiques qui desservent Montréal.

«Dans ce contexte, on ne peut que s'interroger sur l'impact de CSX sur notre volume d'activité. Quel impact aussi sur notre projet d'expansion vers Contrecoeur, sur la Rive-Sud? Il est déjà affecté par la conjoncture économique défavorable», a expliqué M. Gilson.

Au Canadien National, dont le siège social est l'un des plus importants à Montréal, on appréhende aussi une concurrence accrue avec cette expansion de CSX.

«Nous sommes bien au courant du projet de CSX à Valleyfield. Ça représentera évidemment plus de concurrence pour nous dans la région de Montréal», a indiqué Louis-Antoine Paquin, porte-parole du CN.

Dans la région de Valleyfield, cependant, on attend depuis quelques années la confirmation de cette expansion de CSX. D'autant plus que ces principaux promoteurs, dont le gouvernement du Québec, promettent au moins 600 emplois durant la construction de la gare de triage intermodale. Son exploitation subséquente devrait requérir quelque 350 employés.

Ces détails seront précisés ce matin au cours de l'annonce de CSX à Valleyfield, à laquelle participera le ministre québécois des Transports, Sylvain Gaudreault. Dans son aide financière offerte à CSX, Québec prévoit plusieurs millions de dollars pour de nouvelles routes d'accès vers la future gare de triage.

Quant aux appréhensions du Port de Montréal envers l'expansion de CSX, on indiquait hier au cabinet du ministre Gaudreault qu'il en a discuté récemment avec sa PDG, Sylvie Vachon.

«Il nous a semblé que leurs craintes s'étaient estompées, d'autant plus que le volume chez CSX sera bien minime par rapport à tout le trafic du Port de Montréal», a indiqué Yann Langlois Plante, attaché de presse du ministre.

«Pour nous, c'est une annonce importante surtout pour la région de Valleyfield, qui a été très touchée par le déclin de son secteur manufacturier.»

> Réseau: 21 000 milles de voies

> Revenus 2012: 11,7 milliards US ("0,1%)

> Bénéfice 2012: 1,8 milliard US ("2%)

> Immobilisations en 2013: 2,3 milliards US

> Valeur boursière: 22,7 milliards US