Air Canada n'a pas l'intention de redonner à Montréal sa vocation de plaque tournante internationale, mais elle veut quand même mettre en place deux nouvelles liaisons directes à partir de l'aéroport Montréal-Trudeau, Pékin et Beyrouth.

Le président et chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, a profité d'un discours prononcé devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain hier pour répondre à ceux qui déplorent le fait que la principale plaque tournante du transporteur soit maintenant à Toronto.

Le président du Bureau des gouverneurs de la chaire de tourismes Transat de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Michel Archambault, a notamment soutenu dans les pages du Devoir que cette situation avait des impacts négatifs majeurs pour Montréal.

Pour sa part, le président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, a affirmé que l'absence de liaisons internationales directes constituait un frein pour toute grande ville.

M. Ravinescu a rappelé que la plupart des pays n'avaient qu'une seule grande plaque tournante internationale: Paris pour la France, Londres pour l'Angleterre, etc.

«Le service sur Montréal est basé sur la demande et la façon dont le marché de l'aviation a évolué au Canada au cours des 25 dernières années, a-t-il déclaré. Cela ne veut pas dire que nous ne saisirons pas les occasions de croissance internationale pour Montréal si, sur le plan commercial, nous pouvons le faire de manière rentable.»

Il a ainsi indiqué qu'Air Canada voulait instaurer des liaisons directes avec Beyrouth et Pékin.

«Je peux vous dire que, si nous avions obtenu les approbations gouvernementales nécessaires pour desservir Beyrouth, nous le ferions déjà, a-t-il affirmé. Quant à Pékin, à la fin de l'année dernière, nous avons présenté une demande pour deux créneaux d'atterrissage supplémentaires à l'aéroport de Pékin, où les créneaux sont rares et onéreux.»

Air Canada a pu obtenir un premier créneau, qu'il a réservé à Toronto et Vancouver «afin de renforcer [sa] présence dans le marché». Le transporteur n'a cependant pas réussi à obtenir un deuxième créneau «viable sur le plan commercial» pour une liaison entre Pékin et Montréal.

«Les heures prévues de départ et d'arrivée pour les seconds créneaux n'étaient tout simplement pas possibles, a-t-il expliqué. Nous sommes cependant déterminés à réessayer, car les affaires dans le marché chinois s'inscrivent dans nos ambitions.»

Vivement le Dreamliner

Selon le président-directeur général d'Aéroports de Montréal, James Cherry, des analyses de marché montrent qu'il y aurait un marché pour trois liaisons hebdomadaires entre Montréal-Trudeau et Pékin.

Selon lui, un élément facilitera l'établissement de liaisons directes à partir de Montréal: l'intégration du Boeing 787, le Dreamliner, dans la flotte d'Air Canada.

«Le 787, c'est un appareil parfait pour un marché comme celui de Montréal, a-t-il soutenu. Il est conçu pour les longues liaisons de faible capacité. Dès qu'Air Canada recevra ses appareils, on pourra imaginer plusieurs vols directs.»

Les premières livraisons devraient avoir lieu en 2014.

Malheureusement, les autorités réglementaires de plusieurs pays, dont la Federal Aviation Administration des États-Unis (FAA), ont cloué le Dreamliner au sol en raison d'un sérieux problème de batterie.

«Nous avons pleine confiance en la capacité et la volonté de Boeing, avec le soutien de la FAA, de résoudre rapidement et sécuritairement le problème de batterie au lithium, a déclaré M. Rovinescu hier. À ce moment-ci, nous ne prévoyons aucun changement au calendrier de livraison. Nous continuons à croire que cet appareil entraînera des économies de plus de 35% et que sa taille et son rayon d'action sont parfaitement adaptés à la géographie canadienne.»

Le modèle Calgary

Par ailleurs, M. Leblanc a indiqué que la communauté d'affaires de Montréal devrait s'inspirer de ce qui s'est passé à Calgary pour amener Air Canada à mettre en place de nouvelles liaisons directes à partir de Montréal. La communauté d'affaires de Calgary s'est alliée avec l'administration de l'aéroport de cette ville pour offrir des conditions favorables à l'instauration d'une liaison directe avec Tokyo, comme une réduction des frais d'atterrissage et une aide en fait de marketing.

«Nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons nous mobiliser, a-t-il déclaré. Ce que nous pouvons faire, c'est préparer le terrain. À partir du moment où le Dreamliner sera disponible, Montréal sera une décision évidente pour Air Canada.»