Le report du premier vol de la CSeries ne devrait pas effrayer les clients potentiels.

C'est ce que croit le président et chef de la direction de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], Pierre Beaudoin, qui s'attend même à de nouvelles commandes fermes avant le premier vol, maintenant prévu pour juin 2013, six mois plus tard qu'annoncé encore récemment.

«Je pense que les probabilités (de nouvelles commandes) sont très élevées, il y a beaucoup de bonnes discussions en cours, a déclaré M. Beaudoin au cours d'une conférence téléphonique hier, à l'occasion de la divulgation des résultats du troisième trimestre. Et lorsque l'appareil volera, cela entraînera toute une série de clients additionnels qui n'attendent que cet événement.»

Des clients impressionnés

Il a ajouté que les clients potentiels qui visitaient les installations de la CSeries étaient très impressionnés par le degré d'avancement du projet et par tous les essais qui ont lieu avant le premier vol.

Il y a quelques semaines encore, la direction de Bombardier soutenait que le premier vol de la CSeries aurait lieu avant la fin de l'année 2012, comme prévu à l'échéancier initial. Hier, M. Beaudoin a fait savoir que l'avionneur avait adopté un nouvel échéancier. Le CS100, un appareil de 110 places, effectuera son premier vol avant la fin de juin 2013 plutôt qu'en décembre 2012. Il entrera également en service avec six mois de retard, soit en juin 2014.

Le CS300

Toutefois, ce nouvel échéancier ne changera rien pour le CS300, un appareil de 130 places. Cet avion devrait entrer en service d'ici la fin de 2014, comme prévu.

M. Beaudoin a indiqué que certains fournisseurs livraient des composants en retard alors que d'autres étaient à temps. Les composants arrivent donc aux installations de Bombardier dans un ordre illogique.

«Nous avons dû réharmoniser l'échéancier en nous basant sur ce qui se passait dans la réalité», a déclaré M. Beaudoin.

Il n'a pas voulu révéler l'identité des fournisseurs fautifs. Dans le passé, la direction de Bombardier a évoqué des problèmes chez Parker Aerospace, responsable des commandes de vol électroniques avec Rockwell Collins.

M. Beaudoin a reconnu que le système de commandes de vol électroniques était particulièrement complexe, mais il rappelé que beaucoup d'autres systèmes l'étaient également.

«Le principal défi se situe au niveau des logiciels, a-t-il indiqué. Or, dans un appareil moderne, il y a des logiciels pratiquement partout.»

Le fournisseur chinois de la CSeries, Shenyang Aircraft Corporation, a déjà donné des sueurs froides à Bombardier, mais l'avionneur a réagi rapidement en ramenant la production de certains composants dans ses propres installations.

Des coûts supplémentaires

«Tout se déroule très bien avec ce que fait notre fournisseur chinois, le fuselage arrière, assuré M. Beaudoin. Les pièces pour le deuxième avion sont déjà rendues à Montréal et nous attendons les pièces pour le troisième très bientôt.»

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a dit s'attendre à ce que le délai de six mois entraîne de coûts supplémentaires pour Bombardier, soit environ 500 millions. Interrogé à ce sujet, le grand patron de Bombardier a affirmé que le plan d'affaires de la CSeries tenait compte de délais possibles de trois à cinq mois. Un report de six mois ne représente donc pas une énorme différence.

M. Beaudoin a également soutenu que Bombardier ne devrait pas encourir de fortes pénalités liées à des retards de livraison aux clients.

Marges pour les imprévus

«Lorsque nous avons mis en place le calendrier de livraisons, nous avons prévu des marges pour les imprévus», a-t-il déclaré.

Les résultats de Bombardier ont été mitigés, soit des revenus de 4,3 milliards de dollars US alors que les analystes s'attendaient à des revenus de 4,7 milliards. Le bénéfice a atteint 12 cents par action.

Les analystes ont surtout noté que Bombardier avait consommé beaucoup plus de liquidités que prévu, soit 237 millions US, alors que des analystes s'attendaient à des flux de trésorerie positifs.

Cette situation a amené la firme de cotation Moody's à modifier la perspective qu'elle avait accolée à la cote de la solvabilité de la dette de Bombardier, la faisant passer de «stable» à «négative».

L'action de catégorie B de Bombardier a perdu 16 cents pour clôturer à 3,45$ à la Bourse de Toronto hier, une glissade de 4,4%.

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1200 pertes d'emplois chez Bombardier Transport

Bombardier Transport, la division ferroviaire du groupe, procédera à 1200 mises à pied dans son réseau mondial. Une bonne partie de ces mises à pied, soit 350, sont liées à la fermeture d'une usine à Aix-la-Chapelle, en Allemagne.

Le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, a expliqué que cette usine était sur le point de terminer un dernier contrat et qu'il n'y avait pas d'autre boulot à l'horizon.

Les 850 autres mises à pied seront disséminées à travers le monde, y compris en Amérique du Nord. Bombardier Transport n'a toutefois pas encore déterminé le nombre exact de mises à pied par usine.

«Nous avons de 35 000 à 36 000 employés, ce n'est donc pas un énorme ajustement, a affirmé M. Beaudoin. En plus, nous avons des employés qui ne sont pas permanents. Ce sont eux qui seront touchés en premier.»

Bombardier devrait inscrire une charge de restructuration d'au plus 150 millions US au quatrième trimestre.

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UN PROJET AMORCÉ IL Y A HUIT ANS

19 JUILLET 2004

Lancement d'une nouvelle famille d'appareils commerciaux de 110 à 130 places, la CSeries, à Farnborough.

31 JANVIER 2006

Bombardier met le projet sur la glace en raison d'un manque de commandes.

14 JUILLET 2008

Lancement de la nouvelle version de la CSeries à Farnborough. Bombardier choisit l'usine de Mirabel pour l'assemblage final.

27 OCTOBRE 2008

Pratt &Whitney annonce qu'elle assemblera le moteur de la CSeries dans une nouvelle usine à Mirabel.

15 SEPTEMBRE 2009

Bombardier fait la première pelletée de terre du centre d'essai de la CSeries à Mirabel.

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EN CHIFFRES 

4,3 milliards US

Revenus du trimestre comparativement à 4,6 milliards US à l'exercice précédent

212 millions US

Bénéfice net du trimestre contre un profit de 192 millions US un an plus tôt

58,6 milliards US

Valeur du carnet de commandes à la fin septembre par rapport à 53,9 milliards US au 31 décembre 2011