En dépit de la popularité des trains touristiques dans l'Ouest canadien et de la forte clientèle dans le triangle Montréal-Ottawa-Toronto, VIA Rail ne pourra jamais se passer de subventions.

«On peut le rêver, mais il faut être réaliste, a déclaré le président et chef de la direction de VIA Rail, Marc Laliberté, dans une entrevue avec La Presse Affaires hier, en marge du Sommet du rail du Canada 2012. Il y aura toujours un montant de subventions qui viendra du gouvernement. Je ne pense pas qu'il y ait dans le monde un service de trains qui ne soit pas subventionné d'une manière ou d'une autre.»

VIA Rail offre un service en régions éloignées fortement déficitaire. L'année dernière, ces services n'ont transporté que 109 000 voyageurs, ce qui a engendré une perte de 45 millions de dollars. Les deux trains long-parcours, le Canadien entre Toronto et Vancouver et l'Océan entre Montréal et Halifax, n'ont fait guère mieux. Ces services ont généré une perte de 81 millions de dollars pour 243 000 voyageurs.

L'ensemble du corridor qui s'étend de Québec à Windsor a aussi généré des pertes, soit 135 millions de dollars, mais, au moins, ces services ont transporté 3,8 millions de voyageurs.

Selon M. Laliberté, VIA doit viser l'équilibre budgétaire dans le corridor ainsi que dans les liaisons long-parcours pendant la saison touristique.

«On pourrait penser que les trains sont suffisamment bondés pour être en mesure de compenser les coûts d'exploitation, a-t-il déclaré. Est-ce que ça va compenser tous les coûts, les coûts en capital, les investissements chaque année? Pas nécessairement, mais on peut se rapprocher d'un break-even opérationnel.»

Il a affirmé que VIA avait commencé à agir, notamment en ajustant les fréquences il y a quelques mois. La société a également réduit de 15% ses postes de cadres et a éliminé 200 de ses postes syndiqués.

M. Laliberté voudrait limiter le financement de l'État en ayant recours à des sources supplémentaires de financement.

«Dans le monde entier, nous constatons un intérêt croissant dans les marchés financiers pour des investissements dans l'infrastructure liés au rail voyageur», a indiqué M. Laliberté dans un discours prononcé au cours du Sommet du rail.

Il a rappelé que les plus grandes caisses de retraite de l'Ontario, Teachers et Omers, avaient investi 3,4 milliards pour une concession de 30 ans liée à un tronçon entre Londres et le tunnel sous la Manche. Il a toutefois souligné que cet investissement était intéressant parce qu'on parlait de trains fréquents et très rapides. Or, la grande vitesse n'est pas encore au rendez-vous au Canada, même dans le triangle Montréal-Ottawa-Toronto.

M. Laliberté a toutefois noté que la très grande vitesse ne s'était pas implantée du jour au lendemain, même en France.

«Il faut commencer quelque part, a-t-il déclaré à La Presse Affaires. Il faut y aller graduellement en réduisant le temps de trajet.»