Alors qu'elle s'engage dans une première ronde de négociations syndicales, Sunwing veut éviter de se retrouver avec une grosse structure coûteuse, comme celle d'Air Canada.

«Si on regarder les problèmes d'Air Canada, on voit qu'ils sont causés en grande partie par des questions de main d'oeuvre, a déclaré le président du conseil d'administration de Sunwing, Colin Hunter, dans une entrevue avec La Presse Affaires hier, lors de son passage à Montréal. Les demandes salariales des équipages, c'est une partie du problème.»

Au début de l'année, l'association qui représentait les pilotes de Sunwing s'est joint aux Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA). En mars dernier, les 700 agents de bord de Sunwing ont choisi de se syndiquer et de se joindre au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Ils viennent d'entreprendre la négociation d'une première convention collective.

«C'est nouveau pour nous, a commenté le directeur exécutif de Sunwing au Québec, Sam Char. Les deux parties font preuve de bonne volonté. Nous allons écouter ce qu'ils ont à dire, ils vont écouter ce que nous avons à dire, nous devrions avoir une bonne entente.»

M. Hunter a cependant affirmé qu'il n'était pas question d'accepter les demandes déraisonnables.

«Nous devons apprendre des erreurs commises par les autres, non seulement dans notre industrie, mais aussi dans le secteur public, a-t-il déclaré. Si on acquiesce aux demandes uniquement pour acheter la paix, l'entreprise finit pas payer à long terme parce qu'elle n'est plus concurrentielle.»

Il a notamment affirmé qu'il n'était pas question de payer des employés pendant une année entière alors qu'ils ne travaillent que trois mois.

L'hiver constitue la haute saison de Sunwing. L'été, le voyagiste se retrouve avec des équipages en surplus.

Au cours des années, Sunwing a eu recours à un programme d'échange fédéral pour résoudre ce problème. Pendant la saison haute, il utilise des appareils supplémentaires appartenant à la multinationale britannique TUI, qui détient une participation de 49 % dans le voyagiste canadien. Ces avions sont sous-utilisés en hiver parce qu'il s'agit d'une saison basse en Europe. Sunwing fait également appel à des pilotes étrangers, surtout européens, qui s'ajoutent à ses 150 pilotes canadiens.

Les pilotes d'Air Canada et d'Air Transat ont condamné cette pratique, accusant Sunwing de concurrence déloyale. Ils ont soutenu que même si Sunwing se réclamait d'un programme d'échange, bien peu de pilotes canadiens prenaient le chemin de l'étranger pendant la saison basse canadienne.

M. Hunter a soutenu au contraire que jusqu'à maintenant, Sunwing avait envoyé plus de pilotes canadiens à l'étranger qu'il n'avait fait venir de pilotes étrangers au Canada.

«Nous pourrions en envoyer encore davantage, mais plusieurs préfèrent rester au Canada, prendre tout l'été en congé et jouer au golf», a-t-il lancé.

Il y a quelques mois, la direction de Sunwing avait évoqué l'idée de hausser de 30 % sa capacité pendant la saison d'hiver. M. Hunter a indiqué hier que l'augmentation allait plutôt tourner autour de 10 %. Ce pourcentage pourrait cependant changer au fur et à mesure que les réservations se préciseront.

Jeudi, Transat a fait savoir qu'il diminuera sa capacité de 7 % cet hiver.

Le marché du voyage de loisir pourrait se modifier au cours des années qui viennent, avec la décision d'Air Canada de lancer un transporteur à rabais.

M. Hunter a déclaré qu'il n'était pas question de s'inquiéter dès maintenant à ce sujet. Personne ne sait encore quand le nouveau transporter prendra son vol, ni quelles destinations seront desservies.

«Une compagnie comme Air Canada, ça prend bien du temps à agir, a affirmé M. Hunter. C'est comme une éléphante qui donne naissance.»

Sunwing entend cependant prendre les mesures nécessaires lorsque le nouveau transporteur prendra enfin son envol.

«Il faudra réagir pour demeurer compétitif, a soutenu M. Hunter. Si on ne fait pas d'ajustement, on se condamne à une lent étranglement.»