Communauto appuie sur l'accélérateur. Après 18 ans à servir le marché québécois, l'entreprise d'autopartage débarque à Paris et dévoile son intention de jouer un rôle de «consolidateur» sur le marché mondial.

Communauto annoncera aujourd'hui qu'elle s'implante dans la capitale française en avalant Mobizen, petite entreprise qui offre aussi des voitures en libre-service à ses membres.

«Compte tenu de la taille de Paris, on pense qu'il y a une occasion de croissance très importante», a dit à La Presse Affaires Benoît Robert, président et fondateur de Communauto.

Fondée en 1999, Mobizen compte actuellement un peu plus de 150 véhicules à Paris.

«Si on compare avec ce qu'on a fait à Montréal, on estime qu'il y un potentiel d'environ 4000 voitures à Paris», dit M. Robert. En comparaison, l'entreprise exploite un parc de 1200 véhicules au Québec, dont 950 à Montréal.

Si les Parisiens sont mal desservis par la formule de type Communauto, ils sont toutefois friands d'Autolib', un service qui ressemble à celui de Bixi et que Communauto veut implanter au Québec. Contrairement au service classique de Communauto, Autolib' permet de prendre une voiture sans réservation à une station et de la remettre à une station différente. Selon M. Robert, les deux services ne sont aucunement en concurrence, Autolib' étant spécialisée dans les très courts trajets.

Comme il l'a fait avec Communauto au Québec, M. Robert veut d'ailleurs se servir de Mobizen pour «tendre des perches» à différents partenaires et proposer des offres d'abonnement communes autant avec les services de transport en commun qu'avec Autolib'.

Mobizen compte actuellement sept employés à Paris, mais Commuanuto compte bonifier l'équipe au fur et à mesure que le service prendra de l'ampleur. L'entreprise compte 70 employés au Québec.

Notons que les abonnés québécois de Communauto pourront utiliser le service parisien, et vice-versa. Les logos de Communauto seront déployés sur les voitures parisiennes.

Un rôle de consolidateur

Communauto ne se lance pas dans l'aventure française à l'aveuglette. Il y a un an, elle a acheté Car Share Halifax, en Nouvelle-Écosse, justement pour vérifier si son modèle était exportable.

«L'entreprise allait très mal et, en six mois, on a pu rétablir la situation financière. La croissance a atteint presque 50% au cours de la dernière année», dit M. Robert.

Et Communauto, plus ancienne entreprise du genre en Amérique du Nord, ne veut pas s'arrêter là. Forte d'un chiffre d'affaires de 15 millions de dollars, l'entreprise occupe le quatrième rang mondial du marché extrêmement fragmenté de l'autopartage, selon M. Robert. Et elle veut jouer un rôle dans la consolidation qui va bon train actuellement.

Le leader mondial, l'américaine Zipcar, offre maintenant son service dans 17 villes dans le monde, dont New York, Los Angeles, Londres, Toronto et Vancouver. Cotée en Bourse, Zipcar a affiché des revenus de 242 millions US l'an dernier.

«Communauto veut pleinement jouer son rôle d'acteur de consolidation, dit M. Robert. Les locateurs traditionnels sont de plus en plus actifs dans ce créneau, Zipcar fait des acquisitions. On ne voulait pas regarder le train passer et voir ces entreprises adopter un positionnement qui ne nous semble pas toujours optimal du point de vue environnemental.»

Après son acquisition à Paris, Communauto compte acquérir des participations minoritaires dans d'autres sociétés d'Europe et d'Amérique du Nord avec lesquelles elle a tissé des liens au fil des ans. L'entreprise, dont la croissance annuelle tourne aujourd'hui autour de 10%, souhaite renouer avec les croissances de 25 à 30% qu'elle connaissait lorsqu'elle travaillait à percer le marché québécois.

L'entreprise assure qu'elle ne prendra pas trop de bouchées à la fois. Le prix pour Mobizen à Paris était «très raisonnable» et l'acquisition a été payée à même les ressources de l'entreprise, dit M. Robert, unique actionnaire de Communauto.

«On prend des bouchées qui sont à notre portée, assure le président. Quand on prend des participations minoritaires, on fait confiance à une équipe déjà en place, mais on les guide. Ça ne prend pas trop de ressources.»