Une agence fédérale américaine a approuvé un rapport alléguant que les ports canadiens situés sur la côte ouest attirent délibérément des navires marchands qui iraient autrement mouiller dans les villes américaines.

La Commission maritime fédérale a voté à trois voix contre deux, mardi, en faveur de ce rapport. Les conclusions qui y sont inscrites seront présentées au Congrès américain.

L'agence non partisane avait reçu l'an dernier le mandat du Congrès d'enquêter sur des allégations avancées par deux sénateurs de l'État de Washington.

Du côté canadien, les réactions à ce rapport sont très négatives. Les responsables qui sont au fait de l'enquête affirment que les conclusions ne correspondent pas aux informations transmises à la commission par des experts et des responsables portuaires canadiens et américains.

Des sources proches de l'enquête ont révélé que les commissaires avaient reçu plus de 75 réponses après avoir demandé aux parties intéressées des deux côtés de la frontière si le Canada détournait des marchandises destinées aux ports américains.

La majorité de ces réponses sont provenues d'experts américains, et la très grande majorité d'entre elles indiquaient que le Canada ne faisait rien de sournois, a soutenu mardi Robin Silvester, pdg de l'administration portuaire de Vancouver.

Bien que la Commission maritime fédérale n'ait pas d'autorité sur le Congrès, elle pourrait modeler les opinions des législateurs qui ont de l'influence, et qui pourraient s'emparer de la question avec seulement quatre mois à faire avant l'élection présidentielle.

Les conclusions de la commission pourraient avoir des impacts négatifs sur la relation entre le Canada et les États-Unis. Il s'agit par ailleurs d'un curieux développement qui survient dans la foulée de l'annonce d'une coopération canado-américaine en matière de commerce et de sécurité aux frontières en vertu de l'initiative Par-delà la frontière.

«C'est décevant et cela nous rend perplexes, et le tout ne semble pas être soutenu par les documents transmis à la commission», a dit M. Silvester.

De plus, selon le pdg, des informations circulent à l'effet que le rapport soulèverait des inquiétudes quant à la sécurité dans les ports canadiens, ce qui constitue une étrange allégation si l'on considère qu'Ottawa et Washington travaillent de concert à harmoniser les mesures de sécurité portuaire.

«Vous pourriez très bien affirmer que les conteneurs entrant aux États-Unis par le Canada sont les plus sécuritaires, et non pas les moins sécuritaires», a-t-il exposé.

«Chaque conteneur qui entre au Canada est passé au détecteur de radiations; lorsqu'ils entrent aux États-Unis, ils sont examinés une nouvelle fois, a poursuivi Robin Silvester. Cela ne se produit pas pour les conteneurs arrivant aux États-Unis en provenance d'autres pays.»

Une commissaire d'allégeance républicaine, Rebecca Dye, a déclaré publiquement le mois dernier que le gouvernement canadien et d'autres responsables avaient indiqué à l'agence que sur une période de 10 ans, seuls 2,5 pour cent des marchandises destinées aux États-Unis avaient été importées via des ports canadiens.

Le port de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, est au coeur des débats. Le port de 170 millions $ a ouvert ses portes il y a cinq ans avec l'aide de 60 millions $ en subventions de la part des gouvernements provincial et fédéral.