Le grand patron d'Embraer, Frederico Fleury Curado, ne regrette pas sa décision de laisser le champ libre à la CSeries et de ne pas lancer un appareil dans cette catégorie.

«Je ne suis pas déçu, je suis soulagé», a-t-il déclaré à La Presse Affaires,hier, au cours d'une entrevue accordée dans le chalet d'Embraer au Salon aéronautique de Farnborough.

Pendant toute la durée de sa réflexion sur le lancement d'un appareil plus gros que sa famille de biréacteurs régionaux (E-Jet), le président et chef de la direction d'Embraer s'était interrogé sur la sagesse d'aller jouer sur le terrain d'Airbus et de Boeing.

Hier, M. Curado a noté les commandes plantureuses remportées par Boeing pour la version remotorisée de son 737, le Max, pendant le salon. Airbus avait déjà fait le plein de commandes pour la version remotorisée de l'A320, le Neo.

«Chaque commande pour le Max ou le Neo vient réduire le marché pour d'autres appareils, a-t-il déclaré. Les deux prennent toute la place. Je pense que nous avons pris la bonne décision.»

Embraer a plutôt décidé de lancer de nouvelles versions de ses biréacteurs régionaux, dotés de moteurs plus performants. L'avionneur brésilien examine les moteurs que proposent Pratt&Whitney, Rolls Royce et GE. À l'heure actuelle, c'est GE qui motorise la famille E-Jet.

«C'est sûr que le fournisseur actuel a toujours un avantage, a indiqué M. Curado. Ce serait notamment plus facile d'effectuer la transition. Mais nous savons que nous devons garder l'esprit ouvert.»

Pratt&Whitney propose à Embraer sa nouvelle turbosoufflante à réducteur, le moteur qui équipe la CSeries et le Mitsubishi Regional Jet (MRJ).

Coup de théâtre

Mitsubishi a d'ailleurs provoqué un coup de théâtre mercredi en signant une lettre d'entente avec le transporteur américain Skywest, un grand client de Bombardier, pour la fourniture de 100 appareils MRJ. Évidemment, Bombardier n'a pas sauté de joie à cette nouvelle.

«Ce n'est pas souvent que nous sommes en accord avec Bombardier, a lancé M. Curado. C'était une surprise pour nous deux.»

Il a indiqué qu'Embraer était toujours en discussions avec Skywest. Comme les dirigeants de Bombardier, il ne s'est pas montré découragé.

«Les appareils MRJ ne devraient être livrés qu'à partir de 2017, a-t-il fait observer. Or, il y a une demande pour des appareils de cette taille dès maintenant.»

Si Bombardier a été en mesure d'annoncer quelques commandes pendant le salon, Embraer s'est fait plus discret. Dans le domaine de l'aviation commerciale, il n'a annoncé qu'une commande du transporteur chinois Hebei Airlines pour cinq appareils E190.

«Le dernier trimestre n'a pas donné lieu à de fortes ventes, a dit M. Curado. Tant qu'il n'y aura pas de solutions durables pour la situation économique en Europe, je ne prévois pas de changement à cette tendance.»