La crise européenne a fait une autre victime: la liaison Paris-Montréal en Airbus A380.

Le directeur général et vice-président d'Air France-KLM au Canada, Fabien Pelous, a mis ses gants blancs pour annoncer aux journalistes montréalais hier que l'A380 d'Air France n'atterrira plus à Montréal à partir du 28 octobre prochain. Il a soutenu que cette mesure ne signifiait pas qu'Air France se désintéressait du Québec. Le transporteur continuera à offrir deux vols quotidiens pendant la saison hivernale, mais ceux-ci seront desservis par un Boeing 777 et un Airbus A340.

«On se doit, dans le contexte économique actuel, avec les prix actuels du carburant, d'avoir la bonne offre par rapport à la bonne demande», a déclaré M. Pelous.

Il a indiqué que l'A380 offrait pratiquement deux fois plus de sièges en première classe et en classe affaires que les autres types d'appareils. Or, la situation économique difficile, notamment en Europe, a eu un effet négatif sur le trafic d'affaires entre le Canada et l'Europe.

«L'A380 n'était pas l'avion le mieux adapté à la ligne Montréal-Paris», a déclaré M. Pelous.

Le changement d'appareils n'aura pas un impact énorme sur le nombre total de sièges offerts quotidiennement par Air France entre Montréal et Paris parce que si le Boeing 777 est plus petit que l'A380, l'Airbus A340 est plus gros que l'appareil qu'il remplacera, l'Airbus A330. Le nombre total de sièges passera de 724 à 658, une baisse de 9%.

L'impact se constatera surtout du côté de la section Affaires: le nombre de sièges offerts chutera de 40%, passant de 120 à 72 sièges.

M. Pelous a reconnu que l'A380 avait valeur de symbole et que son retrait aura plus de portée que tout autre changement d'appareil. «Nous sommes conscients que ça va créer de l'émotion», a-t-il déclaré.

L'automne dernier, Air France avait retiré l'A380 pendant quelques mois pour apporter des modifications à son aménagement intérieur. Plusieurs passagers qui espéraient voler à bord de l'énorme appareil avaient exprimé leur déception. Le transporteur a décidé d'annoncer le retrait de l'A380 dès maintenant, plus de quatre mois à l'avance, pour éviter de tels incidents.

M. Pelous a indiqué que l'A380 ne reviendra pas non plus à la prochaine saison estivale.

«Il ne faut jamais dire jamais, mais l'analyse de l'adéquation entre l'offre et la demande devrait rester valable l'été prochain, a-t-il déclaré. Mais nous allons rester présents avec une fréquence de trois vols quotidiens.»

L'Association internationale du transport aérien (IATA) s'est montrée plutôt pessimiste en ce qui concerne les perspectives des transporteurs européens. En mars dernier, l'IATA prévoyait des pertes de 600 millions de dollars pour l'industrie européenne en 2012. Hier, l'association a révisé ces chiffres et prévoit maintenant des pertes de 1,1 milliard de dollars, soit pratiquement deux fois plus.