Airbus, qui pulvérisait les records en 2011, peine à décoller cette année: ses ventes progressent lentement, son futur A350-1000 ne convainc pas et ses superjumbos A380 devront subir de nouvelles inspections en raison de microfissures.

L'avionneur européen n'a enregistré que cinq nouvelles commandes nettes à fin avril, portant son solde net à 95 appareils depuis le début de l'année, loin derrière son grand rival Boeing.

La filiale du groupe EADS a de plus subi une annulation de sept gros porteurs A350-1000, qu'avait commandés la compagnie Etihad d'Abou Dhabi, soit un montant de 2,2 milliards de dollars au prix catalogue.

«Etihad est mécontente des énormes changements prévus pour rendre l'A350-1000 plus compétitif et ne croit pas qu'Airbus respectera la date de 2017 prévue pour son entrée en service», a commenté Saj Ahmad, analyste chez StrategicAero Research. D'après lui, Etihad finira par annuler le reste de la commande.

Depuis qu'Airbus a décidé l'été dernier de modifier l'A350-1000 pour rivaliser avec le 747-300, le jumbo allongé de Boeing, il n'a pas attiré un seul client.

Boeing caracole en tête avec déjà 415 commandes nettes au 1er mai, même s'il a encaissé l'annulation spectaculaire de 25 «Dreamliners» 787.

Une porte-parole du constructeur américain a expliqué que deux clients, China Eastern Airlines et Shanghai Airlines, avaient décidé de commander 45 737 (3,8 milliards de dollars au prix catalogue) à la place de 24 Dreamliners 787 (4,6 milliards).

Boeing bénéficie surtout du succès du 737 MAX, version remotorisée de son monocouloir 737, l'avion le plus vendu au monde.

Airbus l'avait devancé en décidant dès 2010 de moderniser son best-seller, le monocouloir A320, en l'équipant de nouveaux moteurs et d'ailettes pour réduire la consommation de kérosène. Cet A320 Neo lui a permis d'établir un record absolu de ventes l'année dernière. Avec 1419 commandes contre 805 pour l'Américain, il avait capturé 64% du marché.

L'avionneur européen a cependant prévenu que l'année 2012 serait moins faste et qu'il pourrait céder à Boeing la première place qu'il occupait depuis 2006.

Entretemps, Airbus doit régler le problèmes des microfissures dans des éléments de structure des ailes de son superjumbo A380, qui ont déjà conduit l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) à demander l'inspection de tous les appareils en service après 1300 vols.

Airbus compte mettre à la disposition de ses clients, d'ici la fin de l'année, des kits de réparation pour renforcer les pieds de nervure dans lesquels des fissures ont été décelées.

À la réception de ces kits, les clients pourront profiter des créneaux normaux d'entretien pour renforcer les pièces défectueuses, une douzaine sur 4000 que compte chaque appareil, selon un porte-parole de l'avionneur.

Mais entretemps, le plus gros avion du monde restera sous surveillance.

L'AESA va recommander de nouvelles inspections à intervalles réguliers jusqu'à la mise en place de la réparation définitive, a annoncé un porte-parole. La directive devrait être diffusée fin mai début juin, a-t-il ajouté.

Ces microfissures ne mettent pas en danger la navigabilité de l'avion, soulignent Airbus comme l'AESA, mais elles ont entaché l'image du superjumbo.

«Nous avons foiré», avait reconnu en février le patron d'Airbus, Tom Enders, lors du salon aéronautique de Singapour. «Ce problème va nous occuper pendant des années», ajoutait un mois plus tard le vice-président des programmes d'Airbus, Tom Williams.

Ce n'est qu'à partir de 2013 que les premiers A380 pourront être livrés sans ce défaut, quand Airbus aura adopté un nouveau mode de fabrication des pieds de nervure, a précisé le porte-parole d'Airbus. D'ici là, les A380 seront livrés avec kits de réparation.

Cela a sans doute facilité la décision annoncée vendredi par la compagnie australienne Qantas, en mal d'économies, de reporter à 2016-2017 la livraison de deux A380 commandés pour 2013.