La concurrence entre Bombardier et ATR a permis à WestJet d'obtenir un bon prix pour 20 appareils turbopropulsés Q400.

Le transporteur de Calgary a évalué le Q400 de Bombardier et l'ATR 72-600 d'ATR (Avions de transport régional, coentreprise formée par le géant français EADS et la société italienne Alenia) pour équiper une nouvelle filiale régionale qui devrait prendre son envol au cours de la deuxième moitié de 2013.

«Il y a eu une vigoureuse compétition entre les deux manufacturiers, a affirmé le président et chef de la direction de WestJet, Gregg Saretsky, au cours d'une téléconférence portant sur les résultats du premier trimestre de l'entreprise. Nous sommes très satisfaits du prix obtenu.»

Cependant, il n'a pas voulu révéler la valeur du contrat, qui comprendra une commande ferme pour 20 appareils et des options sur 25 appareils de plus. Le prix de détail d'un appareil Q400 tourne autour de 30 millions US, mais les transporteurs obtiennent fréquemment des rabais, surtout si la commande porte sur un grand nombre d'appareils.

M. Saretsky a toutefois fait savoir que WestJet avait choisi le Q400 pour ses caractéristiques, notamment pour sa vitesse plus élevée, son plus long rayon d'action et sa plus grande capacité.

«Le Q400 constituait le meilleur choix, étant donné les distances importantes entre nos plaques tournantes et les communautés de plus petite taille que nous voulons desservir», a déclaré M. Saretsky.

WestJet devrait faire connaître l'horaire initial de sa nouvelle filiale vers la fin de 2012. Cet horaire comprendra de nouvelles destinations, de nouvelles liaisons entre des villes déjà desservies par WestJet et une augmentation de fréquence sur des liaisons existantes.

Bombardier s'est réjouie de la décision de WestJet, qui lui permet de remplumer le carnet de commandes du Q400.

Bouchées doubles

En 2011, Bombardier n'a reçu que 7 commandes fermes pour le Q400, alors qu'ATR en a reçu 157 pour ses appareils turbopropulsés. L'avionneur canadien a donc mis les bouchées doubles pour remporter la commande de WestJet.

«Ça fait depuis le début de l'année que nous travaillons à démontrer que le Q400 est le bon avion pour eux, a commenté le vice-président au marketing de Bombardier Avions commerciaux, Philippe Poutissou, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. C'est une belle addition à notre carnet de commandes et c'est un nouveau client pour nous.»

M. Poutissou n'a pas voulu dire si cette commande allait permettre à Bombardier de conserver la cadence de production actuelle à son usine de Havilland, à Toronto, qui effectue l'assemblage final du Q400.

Bombardier a enregistré d'autres commandes pour le Q400 depuis le début de l'année, soit huit appareils pour le transporteur polonais Eurolot et cinq appareils pour Ethiopian Airlines.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, croit que Bombardier devra remporter d'autres commandes pour maintenir la cadence actuelle. Il se montre toutefois confiant.

«Si l'ATR est plus efficace sur de courts trajets, la commande de WestJet souligne les avantages du Q400 en termes de vitesse, de rayon d'action et de capacité, écrit M. Doerksen dans une note d'analyse. Ces caractéristiques sont particulièrement importantes pour les activités des transporteurs régionaux en Amérique du Nord, ce qui devrait très bien positionner le Q400 dans des campagnes à venir aux États-Unis, comme celle de SkyWest.»

Des fournisseurs québécois heureux

La commande de WestJet est également une bonne nouvelle pour les fournisseurs québécois du Q400, comme Héroux-Devtek et Sonaca Canada. Pratt&Whitney Canada était particulièrement bien placée dans cette compétition parce qu'elle motorisait les deux appareils.

Selon M. Saritsky, le fait que Bombardier soit une entreprise canadienne n'a eu aucun impact sur la décision.

«C'est un boni additionnel» a-t-il déclaré.

L'action de catégorie B de Bombardier a grimpé jusqu'à 4,31$ en matinée hier pour finalement clôturer à 4,20$ à la Bourse de Toronto, un gain de 2 cents.