Les actionnaires de Gestion ACE Aviation ont résolu hier de liquider l'entreprise, ce qui leur permettra de se partager de 250 à 300 millions de dollars.

Les anciens employés d'Aveos ne l'ont pas trouvée drôle. Plusieurs dizaines se sont réunis devant le Musée des beaux-arts de Montréal, où se déroulait l'assemblée des actionnaires d'ACE, pour exprimer leur indignation.

«Cet argent-là devrait revenir aux travailleurs, il devrait revenir à Air Canada pour l'aider à s'en sortir et à ramener les emplois en aéronautique», a lancé le vice-président de la section locale de l'Association des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), Jean Poirier, dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Gestion ACE Aviation a résulté de la restructuration entreprise par Air Canada en 2003. Au cours des années, la société de portefeuille s'est départie de ses diverses filiales, soit le transporteur régional Jazz, Aveos (les Services techniques d'Air Canada) et le programme de voyageurs fréquents Aéroplan.

Au 31 janvier dernier, les principaux actifs de Gestion ACE se limitaient à une participation de 11,11% dans le transporteur Air Canada et à un montant de 356 millions en trésorerie.

Cela fait des années qu'ACE prévoit la liquidation de ses actifs. Le président et chef de la direction d'ACE, Robert Milton, en parlait déjà en 2007. La société avait officiellement annoncé son intention en décembre 2008.

M. Milton ne s'est pas adressé aux journalistes hier. En fait, les médias n'ont pu assister à l'assemblée des actionnaires d'ACE. La société a simplement fait savoir par voie de communiqué que les actionnaires avaient approuvé la liquidation d'ACE. Ceux-ci recevront une première distribution de 250 à 300 millions de dollars au cours des prochaines semaines. Une dernière distribution devrait avoir lieu au milieu de 2013, le temps de régler les dettes éventuelles restantes.

Les anciens employés d'Aveos ont été particulièrement indignés de voir qu'un ancien premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson, faisait partie du conseil d'administration d'ACE. Plusieurs messages inscrits sur leurs pancartes s'adressaient d'ailleurs directement à M. Johnson.

Aveos a brusquement fermé ses portes le 18 mars dernier, ce qui a entraîné la perte de 1800 emplois. L'entreprise a blâmé Air Canada qui, selon elle, aurait progressivement transféré du travail de révision chez d'autres fournisseurs. Le transporteur a nié cette information et a soutenu qu'il avait respecté ses obligations.

Depuis la fermeture d'Aveos, Air Canada a envoyé une cinquantaine d'appareils à deux entreprises québécoises, Avianor et Premier Aviation, pour faire effectuer des travaux de révision. Ces entreprises fonctionnent maintenant à plein rendement et ne sont pas en mesure d'accueillir d'autres appareils avant le début de la saison estivale. Or, Air Canada a besoin de tous ses appareils en été. Le transporteur a donc décidé d'envoyer environ 60 appareils à des entreprises situées à l'extérieur du Canada, soit Premier à New York (filiale de Premier Aviation), Aeroframe et TIMCO aux États-Unis, ST Aerospace à Singapour, Lufthansa Technik en Irlande et HAECO à Hong-Kong.

Air Canada a aussi confié des travaux de révision de moteurs à StandardAero, au Manitoba.

Les anciens employés d'Aveos ont cependant espoir de recouvrer leur emploi. Le gouvernement du Québec s'est dit disposé à apporter une aide financière à une entreprise qui reprendrait les activités d'Aveos. Selon une décision de la Cour supérieure, les entreprises intéressées ont jusqu'au 29 mai pour présenter leur offre.

«On travaille pour ramener les gens, mais en attendant, ils ont besoin d'un salaire», a déclaré M. Poirier.

Le ministère de l'Emploi et de la sécurité sociale, Développement économique Saint-Laurent et le CAMAQ (Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale) ont organisé pour ce matin un salon de l'emploi pour les anciens employés d'Aveos à Saint-Laurent.