Ce n'est pas pour demain, mais Qatar Airways passera bel et bien une commande pour la CSeries.

«Qatar Airways utilisera la CSeries pour des liaisons régionales, pour servir des destinations situées à moins de deux heures et demie de Doha, a indiqué le chef de la direction de Qatar Airways, Akbar Al Baker, dans une conférence de presse organisée hier à Montréal, à l'issue d'un discours prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Nous pensons que cet appareil est optimisé pour cela. C'est un avion très efficace, technologiquement avancé.»

Qatar Airways a été un des premiers transporteurs aériens à exprimer publiquement son intérêt envers la CSeries. Il envisageait une commande ferme pour de 20 à 30 appareils, assortie d'options pour presque autant d'appareils. La commande ne s'est cependant jamais matérialisée. M. Al Baker avait d'abord dénoncé les conditions commerciales exigées par Bombardier. Puis, il avait eu un désaccord avec le motoriste de la CSeries, Pratt&Whitney, au sujet du programme de maintenance du moteur.

«Bombardier aurait dû être un peu plus énergique à ce sujet avec Pratt&Whitney, a affirmé M. Al Baker. Nous leur avons enseigné à être plus énergiques.»

Il a indiqué que ce problème était maintenant réglé, mais que Qatar Airways n'était toujours pas prêt à faire l'acquisition de la CSeries parce qu'il avait les mains pleines avec une série de nouveaux appareils, comme l'Airbus A350, le Boeing 787 et l'Airbus A320 Neo.

Bombardier continue quand même de courtiser Qatar Airways. Le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, a profité du déjeuner organisé par le CORIM pour discuter de la CSeries avec M. Al Baker à la table d'honneur.

Le chef de la direction de Qatar Airways devait également se rendre hier chez Bombardier pour voir où seront assemblés les appareils de la CSeries et pour constater les améliorations qui seront apportées à la cabine de pilotage.

M. Al Baker a quand même eu une bonne nouvelle pour M. Beaudoin hier. Pendant son discours, il a fait savoir que la division des avions d'affaires de Qatar Airways passera une grosse commande chez Bombardier. Cette division exploite présentement six appareils de Bombardier, soit trois Challenger 605, deux Global 5000 et un Global 6000.

En conférence de presse, M. Al Baker a révélé que la division s'intéressait maintenant aux appareils les plus luxueux de Bombardier, le Global 7000 et le Global 8000. Il a indiqué qu'il aimerait en prendre livraison «hier», mais comme ces appareils étaient encore en développement, il lui faudra attendre 2016 et 2017 pour en prendre livraison.

Qatar Airways annoncera la taille de la commande dans un mois, lors du salon des avions d'affaires de Genève, EBACE.

M. Al Baker a profité de sa visite à Montréal hier pour revenir sur un sujet qui lui est cher, l'obtention de nouveaux droits d'atterrissage pour Qatar Airways. Un traité bilatéral entre le Canada et le Qatar limite le transporteur à seulement trois vols hebdomadaires entre les deux pays. Qatar Airways a choisi d'établir cette liaison à partir de Montréal. Après 10 mois de service, le taux de remplissage moyen atteint déjà 85%.

«Avec ce type de taux de remplissage, il faut commencer à attacher des passagers sur les ailes», a blagué M. Al Baker.

Plus sérieusement, il a affirmé que Qatar Airways voudrait offrir au minimum des vols quotidiens à partir de Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.

Il a toutefois affirmé qu'Air Canada et Lufthansa exerçaient un lobby agressif auprès du gouvernement fédéral pour l'empêcher d'accorder davantage de droits d'atterrissage à Qatar Airways.

«Malgré tout ce protectionnisme, regardez les résultats d'Air Canada, a lancé M. Al Baker en conférence de presse. Si j'étais le premier ministre, je dirais à Air Canada d'aller au diable et j'ouvrirais le marché pour mieux servir ma population.»