Tout ça pour ça. Le face à face surprise des travailleurs d'Aveos avec le ministre des Transports Denis Lebel aura duré à peine une minute.

Réunis devant un bâtiment de l'Université du Québec à Chicoutimi où se tenait une conférence de presse, les travailleurs d'Aveos, attendaient de pied ferme Denis Lebel.

Mais le ministre n'a glissé que quelques mots au représentant syndical d'Aveos, Jean Poirier.

«Le syndicat, je lui ai offert de me rencontrer à Ottawa», justifie M.Lebel, à l'issue de sa conférence.

Selon lui, le dossier est «très complexe» et le gouvernement l'étudie attentivement: il ne peut encore dire si Air Canada a violé ses obligations légales.

«Bien sûr, Aveos est une compagnie privée. Et on intervient dans ce contexte», dit-il.

Les travailleurs ont attendu le ministre, à l'issue de sa conférence. Mais M.Lebel a emprunté une sortie dérobée pour quitter l'UQAC.

«Il dit que sa porte est ouverte, mais il a pas le goût de vouloir nous parler», observe Jean Poirier.

«Il s'est sauvé vite pas à peu près. Mais il faut agir vite. Tout ce qu'on a, c'est des promesses, y a rien qui bouge», dit Lyne Ste-Marie, qui a perdu son travail lundi.

La suggestion des travailleurs

Le hic c'est que l'équipe du ministre n'a toujours pas déterminé quels recours légaux le gouvernement pourrait prendre contre Air Canada.

Les travailleurs souhaitaient lui suggérer une nouvelle sortie de crise, aujourd'hui. «Je veux demander au gouvernement de reprendre des parts dans Air Canada, comme il l'a fait avec GM», dit Jean Poirier, président district des transports de l'association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatial.

Le syndicat espère que le gouvernement fédéral entamera des procédures contre le transporteur aérien. Mais cette démarche pourrait être longue, et un investissement du gouvernement permettrait de conserver les emplois, croit M. Poirier.

Au cours des derniers jours, les travailleurs ont obtenu le soutien des partis d'opposition, à Ottawa, ainsi qu'une motion unanime de l'assemblée nationale de Québec, en faveur de recours contre Air Canada.

Pour le syndicat, les événements de cette semaine suivent un scénario anticipé depuis plusieurs années.

«Ça fait plus de 3 ans que je travaille là-dessus, et je n'ai jamais été en contact avec un ministre des Transports. Là, ça fait deux fois qu'il m'appelle. Quelque part, ce qui arrive doit le déranger», dit M.Poirier.