Les mauvaises nouvelles dans le secteur aéronautique ont toujours un impact à l'École nationale d'aérotechnique (ENA), située à l'aéroport de Saint-Hubert. Si les finissants restent optimistes quant aux débouchés professionnels, c'est sur le plan des admis- sions que la fermeture d'Aveos pourrait avoir des dommages collatéraux.

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«Quand Bombardier annonce une bonne nouvelle, on sent les demandes d'admission augmenter, illustre le directeur de l'ENA, Serge Brasset. Mais on sent les demandes diminuer quand il y a une mauvaise nouvelle.»

On est justement en pleine saison des admissions pour le semestre d'automne. L'ENA, affiliée au collège Édouard-Montpetit, enregistre au 1er mars une hausse des demandes de 22% pour son programme exclusif de techniques de maintenance d'aéronefs, poursuivant la croissance constante des dernières années.

«En raison de l'impact médiatique de la nouvelle d'Aveos, est-ce que les jeunes vont refuser nos offres d'admission? se demande M. Brasset. On va le savoir dans quelques jours, et on en saura davantage dans les deuxième et troisième tours du processus.»

Pas d'inquiétude

Pour les 70 élèves qui termineront le programme de maintenance en mai, la nouvelle de la fermeture d'Aveos ne cause pas une grande inquiétude. La Presse Affaires a rencontré cinq d'entre eux - qui n'étaient pas en grève, contrairement à leurs compagnons du campus principal du collège - dans un hangar de l'ENA, où ils travaillaient sur le train d'atterrissage d'un Challenger 601. «Ils n'arrêteront pas les avions de voler, dit Jean-Philippe Bolduc, serein. Il faut que la maintenance se fasse.»

Si ce n'est pas chez Aveos, ce sera ailleurs. De toute façon, remarque Martin Bourdon, beaucoup des finissants se dirigent vers l'entretien de petits avions, sans compter ceux qui poursuivront des études universitaires ou qui se spécialiseront dans les hélicoptères. L'an dernier, Aveos n'a embauché qu'un seul finissant sur 80.

Selon eux, d'autres compagnies prendront le relais d'Aveos. Une idée qu'approuve leur professeur Jean Potvin, qui note que les finissants peuvent aussi se placer chez les manufacturiers comme Pratt&Whitney, ou dans les multiples petits transporteurs qui bénéficieront du Plan Nord.

Les finissants Martin Bourdon et Christian Caron admettent toutefois que la nouvelle d'Aveos pourrait décourager certaines jeunes, connaissant mal tous les débouchés, de s'inscrire au programme.

Taux de placement

Pourtant, le taux de placement était de 78% en 2010, avec un salaire initial moyen de 33 363$. Dans un rapport publié en janvier, le Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale anticipe la création de 1299 emplois pour le personnel technique entre 2011 et 2013 au Québec, ce qui permettrait d'absorber plus des deux tiers des postes éliminés chez Aveos. Tous programmes confondus, «il y a actuellement 500 postes de techniciens en aéronautique disponibles, et on a 150 diplômés par année», note Serge Brasset.

Il n'en reste pas moins que le phénomène de délocalisation des activités vers d'autres pays, en aviation comme ailleurs, fait réfléchir certains étudiants. «Est-ce que ça peut arriver à d'autres compagnies?», lance Christian Caron.

En chiffres...

15%

Hausse prévue de l'emploi pour le personnel technique en aérospatiale à Montréal entre 2011 et 2013 (Avant la fermeture d'Aveos)

469

Élèves inscrits au seul programme québécois de techniques de maintenance d'aéronefs

78%

Taux de placement en 2010, au salaire initial moyen de 33 363$

Sources : École nationale d'aérotechnique, Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale