L'ancien président de Bell Helicopter Textron Canada, Jacques St-Laurent, a eu un «petit pincement au coeur» lorsque l'entreprise a décidé récemment de faire assembler son plus récent modèle d'hélicoptère commercial au Texas plutôt qu'à Mirabel.

M. St-Laurent, qui dirige maintenant Montréal International, un organisme qui tente d'attirer les investissements étrangers dans la région montréalaise, a toutefois indiqué qu'il comprenait la décision de Bell Helicopter.

«Je n'étais pas dans le secret des dieux, j'ai quitté l'entreprise depuis un certain temps, mais je me rallie à la décision prise, a-t-il indiqué lors d'une rencontre avec des journalistes hier, après avoir prononcé un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Je connais les enjeux, la grosseur des usines à Amarillo (Texas), l'importance de combler l'espace manufacturier.»

Jusqu'à récemment, Bell Helicopter faisait assembler tous ses hélicoptères commerciaux à Mirabel. Les usines américaines se consacraient aux appareils militaires. Or, si la production d'appareils devrait continuer à croître fortement à Mirabel avec la reprise attendue du marché commercial, la production militaire devrait diminuer à Amarillo en raison de commandes moins élevées pour l'hélicoptère V-22.

Bell Helicopter a donc décidé de faire construire à Amarillo son nouvel appareil commercial, le Relentless, annoncé en grande pompe dimanche au salon Heli-Expo à Forth Worth. Visant notamment le marché de l'exploitation gazière et pétrolière, le Relentless sera le plus gros appareil commercial de Bell Helicopter avec une capacité de 16 passagers.

«Je suis sûr que mes collègues de Mirabel ont eu le même pincement au coeur que j'ai eu, mais Mirabel s'en tire très bien compte tenu des nombreuses commandes pour les appareils Bell 407 et 429, a déclaré M. St-Laurent. Je connais bien l'entreprise, c'était la bonne décision pour les actionnaires et l'entreprise.»

M. St-Laurent a oeuvré au sein de Bell Helicopter pendant 26 ans. Il a notamment été président de Bell Helicopter Textron Canada de 2002 à 2008.

«C'est un monde en mouvement, a-t-il indiqué. Les filiales doivent continuer à se concurrencer pour obtenir des mandats et les garder.»

Plaidoyer pour les filiales

Dans son allocution devant le CORIM, M. St-Laurent a justement affirmé que s'il était important d'attirer de nouvelles entreprises dans la région montréalaise, il était tout aussi crucial de soutenir l'expansion des filiales déjà sur le territoire. Sur les quelque 200 filiales présentes dans le Grand Montréal, un millier sont considérées comme stratégiques par Montréal International. L'organisme a donc entrepris un programme de visites de ces filiales avec des partenaires comme le gouvernement fédéral, Investissement Québec et les centres locaux de développement de la région.

Montréal International a également entrepris une revue des incitatifs mis en place par les divers gouvernements pour attirer les investissements étrangers.

«Le Québec était très concurrentiel en matière d'incitatifs, mais depuis quelques années, la compétitivité relative du Québec et donc du Grand Montréal en matière d'incitatifs s'est graduellement érodée, a déclaré M. St-Laurent. Ce n'est pas parce que le Québec est moins généreux, ça s'explique par le fait que d'autres territoires mettent en place des incitatifs semblables ou supérieurs à ceux proposés au Québec dans les dernières années.»

M. St-Laurent a rappelé que, depuis 2010, plus de 40 milliards de dollars d'incitatifs avaient été publiquement annoncés dans le monde. Les États-Unis représentent environ 86% de ce marché.

Avec l'essor du dollar canadien, ces mesures d'incitation sont particulièrement importantes pour le Québec.

«Selon KPMG, l'avantage-coût moyen du Grand Montréal par rapport à la moyenne des 20 plus grandes métropoles d'Amérique du Nord se situe aujourd'hui autour de 5%, a déclaré M. St-Laurent. Il y a 10 ans, quand le dollar canadien valait 65 cents US, cet avantage-coût était de 25%.»