Le navire italien Costa Concordia a entraîné dans son naufrage le titre de son propriétaire, le croisiériste américain Carnival. Mais contrairement à ce que soutiennent certains analystes, l'accident ne provoquera pas à court terme une baisse du prix des croisières, selon des propriétaires d'agences de voyage québécoises interviewés par La Presse Affaires.

«Il n'y a pas de baisse de prix, affirme Nadine Francis, propriétaire de l'agence Voyages Destination. Surtout pour les croisières.» «Pour l'instant, l'incident est relativement nouveau, analyse Jean Collette, président de l'Association des agents de voyages du Québec et propriétaire des agences de voyages Dumoulin. On semble dire que l'erreur est humaine et que le bateau était hors course. Une erreur humaine n'a rien à voir avec la fiabilité des navires ni leur construction.»

Par ailleurs, le coût des assurances-voyages ne devrait pas grimper. «Car, même si c'est un événement important (qui a impliqué 4231 personnes), son impact n'est pas le même que lorsqu'on a à rapatrier de la Riviera Maya des dizaines de milliers de passagers à bord de nombreux avions lors d'une alerte à l'ouragan par exemple», explique Jean Collette.

Chute du titre de Carnival

Les clients qui appellent dans les agences de voyages posent davantage de questions depuis samedi. «Des gens qui ont déjà réservé nous appellent, note Nadine Francis. Il y a des craintes. Comme lorsqu'il y a un accident d'avion. Mais les réservations continuent de rentrer. Les clients sont au courant que le naufrage est dû à une erreur technique. Cela dit, les gens oublient vite.»

Le titre de Carnival a chuté à la Bourse de New York, hier, de 15,5% pour atteindre 29,17 dollars américains. L'important croisiériste, qui contrôle Costa Crociere (1,4 million de passagers de 179 pays en 2010) et qui représente près de la moitié du marché mondial de la croisière, a déclaré des revenus de 14,5 milliards US en 2010. Le naufrage dimanche du paquebot, qui a fait 11 morts et encore une vingtaine de disparus, a aussi causé la baisse du titre de Royal Caribbean Cruises de 4,3% (27,51$ US), premier concurrent de Carnival. Cette chute «va durer plusieurs jours et pourrait s'accentuer si des développements négatifs ont lieu, par exemple une fuite de pétrole qui entraînerait une marée noire», souligne l'analyste Mace Blicksilver, directeur de la firme de gestion d'actifs Marblehead Asset Management.

Impact de 85 à 95 millions

«La chute du titre reflète le sentiment du marché, ajoute Peter Cardillo, économiste en chef de Rockwell Global Capital. C'est une réaction très habituelle au regard des incidents similaires qui ont eu lieu dans le passé.»

Après que Carnival eut estimé à entre 85 et 95 millions de dollars l'impact immédiat du naufrage sur ses comptes, la banque JPMorgan a abaissé la recommandation du titre de Carnival, de neutre à surévalué. L'institution prévoit désormais que l'action du groupe vaudra 30$ US à la fin de l'année, contre les 38$ US estimés précédemment.

L'accident est survenu à un moment de l'année où les agences québécoises vendent énormément de croisières. «Janvier, février et mars représentent 80% de notre chiffre d'affaires pour les croisières», dit Nadine Francis.