Air France-KLM a annoncé une cure d'austérité sans précédent pour économiser en trois ans plus de deux milliards d'euros en réduisant notamment les investissements, en gelant les embauches tout en restructurant l'activité court et moyen-courrier en sérieuse difficulté.

«Nous sommes dans une situation de crise aiguë», a déclaré Jean-Cyril Spinetta, le président du groupe franco-néerlandais, soulignant qu'il fallait y «mettre un terme le plus rapidement possible».

Air France-KLM va, d'une part, prendre des mesures «immédiates» et d'autre part, travailler à un «plan de transformation» avec comme principal objectif un retour à l'équilibre, d'ici à 2014, de son activité moyen-courrier, particulièrement menacée par les compagnies à bas coûts. «Cette activité a perdu 700 millions d'euros en 2011», a indiqué M. Spinetta.

Les deux milliards d'économies permettront de ramener la dette à 4,5 milliards d'euros.

Pour cela, le groupe va réduire sa flotte et son programme d'investissements, sans toucher aux investissements liés à la sécurité.

Les investissements seront ainsi ramenés sous les 5 milliards d'euros sur les trois prochaines années, contre plus de 6 milliards pour la période 2009-2011.

À titre d'exemple, la seule compagnie Air France va reporter la livraison de trois avions moyen-courriers Airbus A320 de 2013 à 2015, d'un appareil long-courrier Boeing B777 de 2015 à 2016 et de deux super Jumbo A380 de 2014 à 2016. Les options prises pour deux B77 ne seront par ailleurs pas exercées.

Pour réaliser plus d'un milliard d'économies immédiates, le groupe a décidé de geler les augmentations de salaires en 2012 et 2013 et de poursuivre le gel des embauches décidé en septembre, ce qui se traduira par le non-remplacement d'environ 800 salariés.

Le second volet du plan, qui sera détaillé en mai-juin, prévoit des mesures structurelles qui devraient également générer un milliard d'euros d'économies.

Pour améliorer sa productivité, la compagnie va ainsi dénoncer les accords collectifs existants pour réorganiser le travail des personnels navigants (pilotes, hôtesses et stewards) et au sol, ce qui aura des conséquences en matière d'emploi.

Le nouveau PDG Alexandre de Juniac a expliqué que le principe d'une renégociation des contrats avait été annoncé aux représentants du personnel dès jeudi: «notre sentiment est que cela a été accueilli avec sérénité, sang-froid», a-t-il dit.

«Face à la situation d'Air France, dont la gravité ne peut être ignorée et au-delà d'un immense gâchis, l'Unsa-Aérien conçoit que des mesures s'imposent», écrit le syndicat dans un communiqué.

«La volonté de l'Unsa est de rentrer dans une logique de négociation avec un souci d'équité, la préservation de l'emploi étant notre priorité», ajoute l'Unsa.

Franck Mikula de l'Unac (hôtesses et stewards, CFE-CGC) s'est toutefois inquiété que la compagnie n'ait pas dévoilé la totalité de son plan de redressement jeudi.

De source interne à Air France, on indique que les efforts consentis par la seule compagnie française «sont très importants».

«En ce qui concerne les mesures immédiates, ce sont au total 330 millions d'économies liées au ralentissement des investissements», a précisé cette source à l'AFP.

Le volet réduction de coûts et mesures conjoncturelles (réductions de coûts liées à la publicité, frais généraux de déplacement, de consulting, réduction des frais d'hébergement des équipages, hausse de la productivité dans l'activité maintenance, etc.) se chiffre à 410 millions d'euros, a encore souligné la même source.

Mesure symbolique, une partie des billets réservés aux salariés d'Air France-KLM leur permettant de voyager à prix très avantageux seront supprimés pour générer des recettes supplémentaires.