Traditionnellement, le silence règne dans les bureaux et les usines de Bombardier dans le temps des Fêtes, entre Noël et le jour de l'An.
Cette année, les choses sont différentes. Le cliquetis des claviers d'ordinateur se fera entendre au siège social. C'est que Bombardier a décidé de modifier son exercice financier. Au lieu de se terminer le 31 janvier, comme auparavant, il se terminera dorénavant le 31 décembre.
«Nous nous sommes dit qu'il fallait avoir terminé pour le 23 décembre, mais la vie étant ce qu'elle est, je suis convaincu que plusieurs personnes vont travailler entre Noël et le jour de l'An, a déclaré le vice-président à l'information financière de Bombardier, Jean Paré, dans une entrevue avec La Presse Affaires quelques jours avant Noël. C'est l'aspect un peu douloureux du changement de fin d'année financière.»
Il faut retourner plus de 50 ans en arrière pour comprendre pourquoi l'exercice financier de Bombardier se terminait le 31 janvier. Il faut remonter au temps des motoneiges.
«Ça correspondait à un cycle d'affaires qui finissait le 31 janvier, a indiqué M. Paré. La fabrication et la livraison des motoneiges aux détaillants devaient se terminer avant cette date.»
Au cours des années, Bombardier a conservé cet exercice financier, même si elle s'est diversifiée dans le transport ferroviaire et l'aéronautique et même si elle a acquis des entreprises dont l'exercice financier se terminait le 31 décembre. Bombardier a ainsi fait l'acquisition de la filiale ferroviaire de Daimler Chrysler, Adtranz, en 2001, doublant d'un seul coup la taille de Bombardier Transport.
«Il y avait beaucoup de priorités relatives à l'intégration, a raconté M. Paré. Ce n'était pas une priorité de changer la fin de l'année financière d'Adtranz pour la faire passer au 31 janvier.»
Depuis, Bombardier s'est départi des motoneiges et le secteur des transports ferroviaires représente maintenant la moitié de ses revenus. L'entreprise se retrouve avec une division, l'aéronautique, qui termine son exercice le 31 janvier et l'autre, les transports, le 31 décembre.
«Les règles comptables le permettent, mais il faut quand même faire un suivi de ce qui se passe chez Bombardier Transport le mois suivant la fin de son trimestre pour inscrire toute transaction importante et inhabituelle dans les résultats de Bombardier, a indiqué M. Paré. C'est assez lourd.»
Le fait que l'exercice financier de Bombardier se termine un mois après la fin de l'année de calendrier crée une certaine confusion: c'est ainsi que l'exercice financier 2011 couvre en fait l'essentiel de l'année 2010.
L'exercice financier de Bombardier complique également la comparaison entre sa division aéronautique et les autres entreprises du secteur, qui utilisent normalement le 31 décembre comme fin d'année financière.
«Les analystes sortent des rapports sur l'industrie et nous ne sommes pas là parce que nous sommes décalés d'un mois», a déploré M. Paré.
Bombardier a finalement décidé de profiter du grand chantier provoqué par l'adoption de nouvelles règles comptables internationales pour modifier enfin son exercice financier.
«Ce n'était pas une exigence des nouvelles règles, mais nous avons fait une analyse des inconvénients et des bénéfices et nous avons décidé que c'était opportun d'aligner les fins d'exercice.»
Bombardier doit modifier les processus d'affaires dans la division aéronautique pour que les cycles reflètent les nouveaux trimestres. Le changement a également un effet sur la division ferroviaire: celle-ci avait 90 jours, après la fin de son trimestre, pour colliger toutes les données pour le rapport trimestriel de Bombardier Inc. Dorénavant, elle aura 60 jours, comme la division aéronautique.
Bombardier a également préparé le marché pour que les résultats du quatrième trimestre de cette année, qui ne couvrent que novembre et décembre, ne surprennent personne.
M. Paré a noté que les inconvénients étaient temporaires, mais que les avantages allaient se faire ressentir année après année. Quitte à ce que certains employés s'amènent au bureau entre Noël et le Jour de l'An.