L'avion amphibie Seastar s'envolera pour la Chine si Dornier n'obtient pas l'aide gouvernementale qu'elle désire.

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«Nous sommes sur le point de signer un contrat avec des investisseurs chinois, mais je veux encore m'installer ici, a déclaré le président de Dornier Compagnie d'hydravions, Conrado Dornier, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. J'ai dit au gouvernement québécois qu'il fallait trouver une solution, ce qui n'impliquerait pas une énorme somme d'argent.»

C'est en grande pompe que Dornier avait annoncé son atterrissage à Saint-Jean-sur-Richelieu, en mai 2010. En présence du ministre du Développement économique du Québec de l'époque, Clément Gignac, l'entreprise avait fait savoir que l'assemblage du Seastar nécessiterait l'embauche de 250 personnes. Une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu, FDC Composite, était bien positionnée pour fabriquer les sous-ensembles de l'appareil, ce qui devait entraîner la création de 200 emplois additionnels.

Le gouvernement québécois avait offert une subvention de 35 millions de dollars, ce qui représentait près de la moitié de l'investissement total de 71,5 millions que nécessitait le projet.

Or, Dornier n'a pas réussi à ficeler le financement de sa part du projet. Conrado Dornier a indiqué qu'il aurait aimé se trouver des partenaires locaux, mais cette recherche n'a pas donné de résultats.

«Il semble que peu de gens aient le goût d'investir en aéronautique, a-t-il déclaré. Je comprends, les cycles de cette industrie sont longs.»

Des investisseurs potentiels se sont manifestés, mais ils n'étaient pas locaux. Il s'agissait notamment de Chinois.

«Au début, ils voulaient investir ici, puis ils ont changé d'idée et ils ont voulu ramener le tout en Chine, a-t-il raconté. Pour eux, il ne s'agissait pas d'une question d'argent, mais d'une question de contrôle sur la technologie.»

Il a précisé que le projet débuterait d'abord en Allemagne, pour être ensuite transféré progressivement en Chine.

M. Dornier a ajouté que des investisseurs d'un autre pays étaient également prêts à s'engager, mais qu'eux aussi voudraient transférer le projet chez eux.

«Si on ne trouve pas de solution avec le Québec, on ne trouve pas de solution, a laissé tomber M. Dornier. Mais je voudrais vraiment que ça se passe ici. J'aurais une plus grande implication que dans les deux autres projets. J'apporterai plus d'argent et plus de temps.»

Il a indiqué qu'il avait rencontré vendredi des représentants du gouvernement québécois et qu'il était confiant d'en arriver à une entente.

Encore «un petit pas»

«Nous avons juste à faire un petit pas chacun de notre côté», a-t-il soutenu.

Il y a quelques semaines, le président et chef de la direction d'Investissement Québec, Jacques Daoust, a indiqué à La Presse Affaires que les gouvernements avaient pour règle de faire en sorte que la contribution gouvernementale globale ne dépasse jamais 50% d'un projet.

«Ce n'est pas au gouvernement québécois d'être le seul pourvoyeur de fonds, a-t-il soutenu. Nous nous attendons à ce qu'une société privé mette des billes, qu'elle ait des partenaires. Je ne dis pas que le gouvernement ne se fera pas, mais Dornier n'a pas encore livré la marchandise.»

La semaine dernière, le ministre québécois du Développement économique Sam Hamad a déclaré à La Presse Affaires que le dossier n'avançait pas.

«Mais des fois, il y a des dossiers qui finissent par revenir», a-t-il ajouté.

Le député de la circonscription de Saint-Jean, le péquiste Dave Turcotte, souhaite ardemment un dénouement positif.

«Avec toutes les fermetures d'usines et les inondations, nous avons besoin d'une bonne nouvelle», a-t-il déclaré à La Presse Affaires.

De son côté, le président-directeur général de FDC Composites, Jacques Cabana, continuer d'espérer.

«C'est un projet intéressant, un nouveau donneur d'ordre dans la région, on serait fou de lâcher ça, a-t-il lancé. Mais d'un autre côté, je comprends le gouvernement de ne pas vouloir subventionner le projet à 100%.»