La nouvelle entente canado-américaine sur le périmètre de sécurité fait le bonheur de plusieurs entreprises québécoises, qui espèrent pouvoir passer une inspection à la frontière en moins d'une demi-heure.

Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

Un camion d'une grande entreprise québécoise comme Cascades ou Velan doit actuellement patienter en moyenne une demi-heure lors d'une inspection à la frontière. «Si l'entente peut améliorer la mobilité des biens et réduire les coûts, nous ne pouvons pas demander mieux», dit Christine Lemieux, directrice de l'exploitation internationale chez Cascades, le fabricant québécois de papiers et d'emballages dont les camions passent environ 50 000 fois par année du Canada à la frontière américaine. En moyenne, 40% des camions de Cascades sont arrêtés pour une durée d'environ 30 minutes chaque fois. Cascades estime ainsi le coût de l'attente à la frontière à 750 000$ par année, salaires des camionneurs et amortissement du parc de véhicules inclus.

Chez Velan, un fabricant montréalais de valves et de robinets industriels, les camions doivent aussi patienter en moyenne 30 minutes à la frontière canado-américaine. Comme Cascades, Velan a droit au traitement préférentiel à la frontière, car l'entreprise est membre du programme Partenaires en protection de l'Agence des services frontaliers du Canada et du programme américain Customs-Trade Partnership Against Terrorism. Les entreprises membres de ces programmes doivent avoir des dispositifs de sécurité sophistiqués. En contrepartie, l'attente est moins longue à la frontière. «C'est un programme qui nous permet de passer plus rapidement à la frontière, dit Stephen Cherlet, chef des opérations de Velan. C'est évidemment impossible de développer une relation avec les douaniers, mais nous passons toujours au même poste de douane presque tous les jours alors ils nous connaissent bien.»

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Velan a investi environ 250 000$ pour se conformer aux programmes gouvernementaux de sécurité frontaliers. «Ce sont des dépenses qu'on aurait faites de toute façon», dit le président et chef de la direction, Tom Velan.

La nouvelle entente annoncée mercredi par le président américain Barack Obama et le premier ministre canadien Stephen Harper pourrait réduire le temps d'attente des camions des grandes entreprises comme Cascades et Velan, mais aussi celui des PME québécoises exportant aux États-Unis, mais ne pouvant se payer des dispositifs de sécurité aussi sophistiqués. «Les PME n'ont pas les moyens de nos grandes entreprises, donc les problèmes de fluidité les affectent peut-être davantage», dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Selon la chambre de commerce, des biens d'une valeur de 140 millions de dollars quittent chaque jour le Québec en direction des États-Unis. «La fluidité à la frontière est un enjeu névralgique qui affecte tout le monde, dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Plus c'est fluide, mieux c'est pour les gens et pour l'économie. Cette nouvelle entente est très importante et s'apparente à ce qui se fait en Europe. On a remis l'économie à sa place dans le débat. Les impératifs de sécurité ont tellement été priorisés, mais l'équilibre est rétabli.»

Cascades a aussi bon espoir que la nouvelle entente canado-américaine facilitera les déplacements de ses employés entre ses usines des deux côtés de la frontière. «Présentement, le processus administratif est très lourd, dit Christine Lemieux. On doit parfois envoyer des employés de façon urgente pour régler des problèmes, mais il faut justifier pourquoi aucun employé du pays en question ne peut faire le travail.»

L'association Manufacturiers et exportateurs du Canada, qui s'est prononcée en faveur de l'entente comme la grande majorité des gens d'affaires, estime que les conditions actuelles à la frontière canado-américaine augmentent de 400$ à 700$ les coûts de production d'une voiture au Canada.