Prise entre de coûteux programmes de développement et des revenus qui entrent moins rapidement que prévu, Bombardier doit étirer chaque dollar.

«Les flux de trésorerie représentent un grand défi, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, au cours d'une rencontre avec des analystes financiers hier à New York. Nous utilisons énormément de liquidités et les revenus ne se situent pas au niveau que nous avions prévu dans nos plans, il y a quelques années. Alors, tout le monde se concentre sur la maximisation de chaque dollar pour qu'il n'y ait pas de gaspillage et nous regardons ce qui peut être repoussé sans affecter les programmes.»

La rencontre était diffusée sur l'internet.

Bombardier Aéronautique développe présentement plusieurs programmes particulièrement onéreux, soit la CSeries, le biréacteur d'affaires Learjet 85 et les luxueux biréacteurs d'affaires Global 7000 et Global 8000.

«Nous regarnissons notre portfolio, nous le rafraîchissons, a noté M. Hachey. Ça prend beaucoup d'argent à court terme, ça a un effet négatif sur l'entreprise, mais nous pensons que c'est nécessaire pour reprendre le chemin de la croissance.»

Bombardier Aéronautique cherche à financer ces programmes à partir des flux générés par l'exploitation, ce qui est le cas lorsque les investissements sont plus légers qu'actuellement.

«Nous pouvons être une machine à liquidités, a lancé le patron de Bombardier Aéronautique. Mais c'est difficile dans l'environnement actuel.»

Plusieurs clients potentiels ont repoussé des commandes de biréacteurs régionaux CRJ et de turbopropulseurs Q400 en raison de l'incertitude économique actuelle. Le financement pour des avions régionaux est également plus difficile à obtenir.

Bombardier Aéronautique a annoncé il y a quelques mois une réduction de la cadence de production de ses avions régionaux. M. Hachey a indiqué hier que l'entreprise avait également mis l'accent sur un contrôle encore plus serré des dépenses.

Bombardier a aussi décidé de renforcer ses équipes de ventes et de marketing. Au cours des neuf derniers mois, l'entreprise a notamment doublé ses équipes de vente, en visant surtout les marchés émergents.

M. Hachey a reconnu que les concurrents de Bombardier Aéronautique en aviation régionale, Embraer et ATR, avaient eu plus de succès dans ces marchés, notamment parce qu'ils avaient conclu plus d'ententes avec des sociétés de location.

«Nous avons alloué des ressources pour développer de telles ententes», a affirmé M. Hachey.

Il a affirmé que plusieurs commandes se profilaient à l'horizon. «Lorsque je regarde le pipeline, je crois que nous sommes dans une meilleure position qu'au cours des six dernières années», a-t-il soutenu.

Bombardier Transport plus touché

Si Bombardier Aéronautique utilise beaucoup de fonds autogénérés, c'est surtout Bombardier Transport qui a été à la source des flux négatifs au cours du dernier trimestre: de sérieux problèmes ont retardé ou interrompu la livraison de matériel roulant dans le cadre de trois contrats importants en Allemagne, en France et en Suède. Cette situation a eu un impact négatif de 300 millions US sur les flux de trésorerie.

Le président de Bombardier Transport, André Navarri, a affirmé que les livraisons avaient repris et que les stocks devraient progressivement diminuer au cours des prochains trimestres.

M. Navarri s'est également montré confiant au sujet des commandes à venir, en dépit de la situation économique difficile en Europe.

«Au cours des cinq dernières années, nous avons vu un seul client annuler un projet significatif, a-t-il affirmé. C'est l'avantage de faire affaire avec des entités publiques: dans 95% des cas, ils ont déjà le financement en place.»

L'action de catégorie B de Bombardier a tout de même perdu 16 cents pour clôturer à 3,80$ à la Bourse de Toronto hier, soit une glissade de 4%.