Le grand rêve du président américain Barack Obama, un réseau de trains à grande vitesse aux quatre coins des États-Unis, semble vouloir s'évaporer.

Le Congrès a récemment rejeté l'enveloppe de 8 milliards US réclamée par l'administration Obama pour l'année fiscale 2012 afin de financer des projets de trains à grande vitesse.

«Le vote d'aujourd'hui signale la fin du malencontreux programme de trains à grande vitesse du président Obama», a alors déclaré le républicain Bill Shyster, président du sous-comité du transport ferroviaire de la Chambre des représentants.

Il a affirmé que cette décision permettra de revoir la question et de se concentrer sur les liaisons qui offriront les meilleurs résultats aux meilleurs coûts.

«L'administration Obama a bousillé le programme dès le début, perdant une belle occasion de bâtir un véritable service à grande vitesse dans les régions les plus appropriées, comme le corridor du nord-est (de Washington à Boston), a-t-il déclaré. Au lieu de cela, des milliards de dollars ont été éparpillés dans tout le pays et ne serviront qu'à augmenter légèrement la vitesse de services existants d'Amtrak.»

Le grand rêve de Barack Obama a commencé à faire face à la dure réalité au lendemain des élections de mi-mandat de 2010. Les nouveaux gouverneurs républicains de l'Ohio, du Wisconsin et de Floride ont tourné le dos à la grande vitesse et ont rejeté l'enveloppe de 3,6 milliards US que Washington avait mise de côté pour ces États. Le département des Transports a redistribué cet argent aux autres États encore en course, notamment à la Californie.

L'État veut construire une liaison à très grande vitesse de 840 kilomètres entre San Diego, Los Angeles, San Francisco et Sacramento. En 2008, les électeurs ont donné à l'État la permission d'émettre des obligations d'une valeur de 9,95 milliards US afin de financer une partie du projet, évalué à 45 milliards US.

Bombardier aux aguets

Or, il y a quelques semaines, la Californie a revu son plan d'affaires et a fait savoir que le projet coûtera en fait 98,5 milliards US. En dépit des critiques, le gouverneur démocrate Jerry Brown a fait savoir qu'il ira de l'avant.

En fait, il doit agir vite. La Californie a reçu 3,3 milliards US du gouvernement fédéral pour amorcer le projet. Or, les deux tiers de cette somme ont été accordés en vertu d'une loi de 2009, l'American Recovery and Reinvestment Act, qui visait à stimuler l'économie le plus rapidement possible. Si la construction d'un premier tronçon ne débute pas avant octobre 2012, la Californie risque de perdre cette somme.

Il fallait donc trouver un tronçon pour lequel il ne serait pas trop difficile d'obtenir les autorisations nécessaires. La California High Speed Raid Authority a ainsi proposé un tronçon de 200 kilomètres au centre de l'État, dans une région peu populeuse, entre Fresno et Bakersfield. Les opposants ont toutefois fait valoir que si les autres phases ne vont pas de l'avant, faute de financement, ce premier tronçon sera isolé et difficilement rentable.

Bombardier suit la question de près, même si l'État n'en est encore qu'à la construction d'infrastructures.

Pour l'instant, ce sont les projets visant à augmenter la vitesse des services existants qui risquent de se traduire plus rapidement par des commandes de matériel roulant. Le département des Transports a ainsi fait savoir la semaine dernière qu'une subvention de 782 millions US permettra à huit États, dont l'Illinois, l'Indiana et le Michigan, d'acquérir 33 locomotives et 120 voitures de passagers à deux niveaux.

«La voiture à deux niveaux est un produit que Bombardier maîtrise, a rappelé le porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge. Nous avons déjà 14 clients pour ce produit en Amérique du Nord, notre réputation n'est plus à faire.»