Un vieux biréacteur régional CRJ200 se sacrifiera pour rendre l'aviation plus verte.

L'appareil, fourni par Bombardier Aéronautique, sera cannibalisé, désassemblé, découpé, démantelé, dans le cadre d'un nouveau projet de recherche sur le traitement des avions en fin de vie.

«Après la réduction du bruit des avions, puis des émissions de CO2, le recyclage des vieux appareils constituera le prochain grand enjeu environnemental de l'industrie de l'aviation, a affirmé la vice-présidente aux affaires publiques et à la responsabilité sociale d'entreprise de Bombardier Aéronautique, Hélène Gagnon, à l'occasion du lancement du projet de recherche hier, aux nouvelles installations du Centre technologique en aérospatiale (CTA) à Saint-Hubert. Il y aura de plus en plus d'appareils qui seront retirés du service au cours des 20 prochaines années, et on en voit déjà beaucoup trop qui sont stationnés dans les déserts aux États-Unis.»

Selon l'industrie, les transporteurs aériens retireront de 250 à 300 avions par année au cours des 20 prochaines années, soit de 5000 à 6000.

Bombardier bien placée

Bombardier a déjà une bonne expérience dans le démantèlement de ses vieux appareils. Un projet réalisé avec la firme américaine Magellan Aircraft Services a permis le démantèlement de 10 biréacteurs CRJ100 et CRJ200. Il a notamment montré que chaque avion comportait environ 1500 pièces réutilisables.

«Environ 75% de nos appareils peuvent être recyclés, a indiqué Mme Gagnon. Pour les 25% qui restent, il est extrêmement difficile de séparer les pièces, de leur donner une valeur. C'est là où le projet que nous annonçons aujourd'hui a une valeur.»

Le projet de recherche, lancé par Bombardier, l'École polytechnique et le CTA, portera notamment sur l'amélioration des méthodes de démantèlement afin de recycler davantage de pièces d'avions et de matériaux. Il devrait également permettre de formuler des recommandations pour que la conception des futurs avions tienne compte de leur impact sur l'environnement après la fin de leur vie utile.

«Ce projet, c'est l'éternelle jeunesse pour les avions», a lancé le directeur des ressources financières et matérielles de l'École polytechnique, Richart Hurteau.

Le projet est doté d'un budget de 1,4 million de dollars qui provient notamment du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie, de Bombardier, de Bell Helicopter, d'Aluminerie Alouette et du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ).

Nouveau complexe

Les partenaires ont lancé ce projet à l'occasion de l'inauguration officielle des nouvelles installations du CTA hier. Ce complexe de recherche et développement affilié au collège Édouard-Montpetit a bénéficié de subventions de près de 12 millions de dollars de la part de Québec et d'Ottawa.

«Ces installations nous permettront d'appuyer plus efficacement les entreprises, et surtout les PME», a déclaré le directeur général de l'École nationale d'aérotechnique du collège Édouard-Montpetit, Serge Brasset.

Le nouveau centre comprend notamment un laboratoire d'usinage, doté de systèmes à 9 ou 10 axes qui permettent de fabriquer des pièces complexes de train d'atterrissage ou de moteur en un seul montage.

Un laboratoire de tests et mesures permet d'analyser des pièces de métal et de matériaux composites.

«Les entreprises nous disent qu'elles peuvent usiner plus vite, mais qu'elles ne peuvent pas inspecter plus vite, a noté le directeur général du CTA, Pascal Désilets. Notre laboratoire va aider à déboucher ce goulot d'étranglement.»

Enfin, le laboratoire d'avionique dispose d'un équipement qui permet de simuler des tempêtes de sable et de poussière.