Des ministres africains chargés du transport aérien ont dénoncé ce week-end à Ouagadougou l'inscription sur la liste noire de l'Union européenne de compagnies du continent jugées dangereuses, demandant à l'UE plus de transparence dans ses choix.

«L'inscription de certaines de nos compagnies aériennes sur une liste qualifiée de 'liste noire'» conduit «à leur isolement temporaire et, le cas échéant, à leur disparition définitive des lignes aériennes internationales», a déclaré samedi le ministre burkinabé des Transports, Gilbert Noël Ouédraogo.

Il s'exprimait à l'ouverture d'une réunion des 17 pays de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).

La liste noire, «basée sur des critères très restrictifs et qui se révèle fortement discriminatoire, conduira inéluctablement, si l'on n'y prend garde, à l'exclusion de la totalité de la communauté aéronautique africaine du transport aérien international», a averti M. Ouédraogo.

Elle est «donc à combattre vigoureusement par l'union de tous les États africains», a indiqué le ministre.

«Nous voulons que la décision de mettre un pays sur une liste noire soit la résultante d'un audit qui a été réalisé de manière contradictoire et accepté par les États, puisqu'il permettra de faire ressortir les défaillances de manière claire et transparente», a-t-il indiqué.

L'Afrique enregistre un taux d'accidents douze fois supérieur à la moyenne mondiale, selon des données 2010 de l'Association internationale du trafic aérien (AITA).

Les ministres africains ont également critiqué la volonté de l'UE d'obliger les compagnies aériennes à payer une «taxe carbone» pour leurs émissions polluantes sur son territoire.

«Tout en étant très sensibles au respect des normes environnementales, nous marquons notre désapprobation face à cette approche unilatérale, qui ne semble pas avoir pris en compte toutes les spécificités et particularités du transport aérien dans son ensemble», a expliqué le ministre burkinabé.

Sur la liste noire comme sur la taxe carbone, les ministres ont décidé de saisir l'Union africaine pour définir une «position commune».