Une société chinoise discute avec Bombardier (T.BBD.B) de la possibilité de transférer la production d'un biréacteur d'affaires en Chine.

Il pourrait notamment s'agir du Challenger 850, un appareil présentement assemblé à Montréal. Bombardier ne déborde cependant pas d'enthousiasme à cette perspective.

«C'est sûr qu'eux aimeraient avoir nos chaînes de production, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, dans une entrevue avec La Presse Affaires à l'occasion du congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA), à Las Vegas. Nous ne sommes pas nécessairement prêts à faire cela.»

Bombardier s'intéresse davantage à une autre proposition de la société chinoise, Avic Aviation Techniques (AAT): elle voudrait mettre au point un nouvel avion d'affaires, un appareil chinois, et se trouver un partenaire pour prospecter le marché. Si cela permet au partenaire d'avoir un accès privilégié au marché chinois, le jeu pourrait en valoir la chandelle.

«C'est pour cela que nous sommes intéressés à regarder la possibilité d'être partenaire, a déclaré M. Hachey. Mais les discussions ne sont pas avancées et nous ne sommes qu'un des cinq ou six candidats qu'ils considèrent.»

AAT aurait notamment entrepris des discussions avec Cessna, Hawker Beechcraft et Israel Aerospace Industries.

De son côté, Embraer espère toujours faire construire des biréacteurs d'affaires Legacy 600 et 650 à l'usine qu'elle a établie à Harbin, en Chine, avec son partenaire chinois Avic. Cette usine construisait jusqu'à récemment des biréacteurs régionaux.

La coentreprise attend toujours les autorisations du gouvernement chinois pour procéder.

«Ça prend du temps et beaucoup de patience, a soupiré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Curado, dans une entrevue avec La Presse Affaires. J'espère que nous aurons une réponse d'ici la fin de l'année.»

L'arrivée fracassante de la Chine dans le marché de l'aviation d'affaires constitue l'un des faits marquants du congrès de la NBAA cette année. La société de location Menshing Financial Leasing a notamment passé une commande pour 13 appareils Embraer et signé une lettre d'entente pour 20 appareils de Dassault Falcon, pour une valeur de 1,2 millard de dollars.

Les autres avionneurs font également de bonnes affaires en Chine, même s'ils n'ont pas annoncé de grandes commandes pendant le congrès.

«De 10 à 15% de nos commandes proviennent de Chine», a affirmé le président de Bombardier Avions d'affaires, Steve Ridolfi.

Le marché chinois est tellement important pour l'aviation d'affaires que Gulfstream a changé l'appellation d'un de ses nouveaux appareils parce que l'ancienne appellation, le G250, sonnait mal en mandarin. Gulfstream a opté pour le G280.

«C'était la gaffe internationale classique, a déclaré le vice-président aux communications de Gulfstream, Jeff Miller, dans une entrevue avec La Presse Affaires. L'ancien nom aurait laissé entendre que notre avion n'était pas très intelligent.»