La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, a sorti un lapin de son chapeau hier soir pour tenter d'empêcher la grève des 6800 agents de bord d'Air Canada, qui aurait pu être déclenchée dès cette nuit. Le gouvernement Harper demandera ce matin au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) de se pencher sur le conflit, ce qui aurait pour effet d'empêcher un arrêt de travail, a déclaré la ministre sur les ondes du réseau anglophone CTV.

Le CCRI est un tribunal indépendant quasi judiciaire chargé d'interpréter et d'appliquer certaines dispositions du Code canadien du travail. Lorsqu'un dossier est entendu par le CCRI, les parties n'ont pas le droit de déclencher une grève ou un lock-out, a affirmé la ministre Raitt. Il n'est toutefois pas certain que le CCRI acceptera d'étudier cette affaire.

En attendant, les négociations entre Air Canada et le syndicat représentant ses agents de bord n'avaient toujours pas repris hier, malgré un appel lancé par le syndicat, qui souhaite retourner à la table.

Les agents de bord d'Air Canada sont sans contrat de travail depuis le 31 mars 2011. Une première entente de principe a été rejetée par 87% des membres en août dernier.

Menace de loi spéciale

Dimanche, les agents de bord d'Air Canada ont voté à 65,2% contre la deuxième entente de principe négociée par leur syndicat. Le jour même, le syndicat a fait parvenir à la direction d'Air Canada un avis de déclenchement de grève qui devait entrer en vigueur à 0h01 demain.

Même si la ministre Raitt affirme que le recours au CCRI vise à comprendre «pourquoi le processus de ratification a échoué» à deux reprises, elle semble surtout vouloir gagner du temps. Un projet de loi spécial pour empêcher la grève des agents de bord d'Air Canada est inscrit au feuilleton depuis la mi-septembre, mais les travaux de la Chambre des communes ne reprennent que lundi prochain. Hier, la ministre a réitéré son intention d'adopter une loi d'exception si les employés d'Air Canada déclenchent la grève.

Elle a également fait sourciller plusieurs experts en laissant entendre que le gouvernement fédéral pourrait revoir le Code du travail à la lumière du rejet de l'entente conclue entre la direction d'Air Canada et le syndicat représentant les agents de bord. Mme Rait a affirmé qu'il est rare de voir les membres d'un syndicat rejeter une deuxième offre de suite dûment négociée par la partie patronale et les représentants du syndicat.