Air France va prendre de nouvelles mesures d'économies pour tenter d'assainir sa situation financière et reprendre la main face à la concurrence féroce des compagnies aériennes à bas coûts et de ses nouvelles rivales venues du Golfe.

Le directeur général de la compagnie Pierre-Henri Gourgeon a reçu lundi les syndicats pour leur faire part de ses préoccupations et «discuter des mesures qui pourraient être nécessaires dans ce contexte», a indiqué à l'AFP un porte-parole d'Air France.

Officiellement, la compagnie admet «une situation économique incertaine et une «instabilité financière élevée».

Plus précisément, le groupe franco-néerlandais Air France-KLM, dont Air France est l'une des deux grandes filiales, doit faire face à un cocktail explosif: une dette élevée (près de 6 milliards d'euros), une concurrence des +low cost+ sur le moyen-courrier et des compagnies du Golfe sur le long-courrier, des résultats financiers en berne et un cours de Bourse qui s'est effondré de plus de 55% depuis le début de l'année.

À titre de comparaison, l'action de sa concurrente allemande Lufthansa a perdu moins de 35% en huit mois.

Lundi, M. Gourgeon s'est refusé à tout «catastrophisme» et a insisté: «À l'heure actuelle, aucun plan social n'est prévu», a rapporté à l'AFP un syndicaliste présent lors de la réunion.

Néanmoins, une batterie de mesures supplémentaires pourraient être prises: non-renouvellement des départs naturels, pas -- ou presque pas -- d'embauches, plus grande mobilité des personnels et appel à la sous-traitance, énumère le syndicaliste, qui a requis l'anonymat.

Il faut «poursuivre la réduction des coûts», a confirmé une porte-parole.

Selon le quotidien économique les Échos, l'objectif global d'économies visées serait de l'ordre de 700 à 800 millions d'euros par an.

Le groupe avait déjà lancé un plan, baptisé «Challenge 2012», qui a permis d'économiser 595 millions d'euros sur l'exercice 2010/2011 (clos fin mars).

En deux ans, la compagnie a réussi à réduire ses effectifs de 10%, a rappelé le porte-parole.

Sur le front opérationnel, le groupe a annoncé fin juillet qu'il réduira de 2,4 points la croissance des capacités de ses long-courriers cet hiver.

Aujourd'hui, la situation incite à poursuivre. «Ce qui les alarme, ce n'est pas que nous soyons dans un marasme financier, mais qu'il y a un décalage entre nous et nos concurrents directs», explique le syndicaliste.

La marge d'Air France-KLM est de 2 points moins importante que celles de Lufthansa ou de British Airways, selon lui.

La direction l'explique à hauteur de 0,5 point par les difficultés exceptionnelles rencontrées cette année vers le Japon, le monde arabe ou l'Afrique. Mais «le reste serait du ressort de notre structure de coûts», relève-t-il.

«On est conscient que la situation est sérieuse", mais «on fera attention à ce que le pacte social soit respecté», prévient le syndicaliste.

Pour l'heure, Air France va lancer en octobre sa première base de province à Marseille, destinée à contrer les  compagnies à bas prix en proposant des billets moins chers grâce à une nouvelle organisation du travail.

Cependant, si la compagnie a trouvé un accord avec les pilotes, les discussions avec les syndicats d'hôtesses et stewards semblent au point mort, ce qui pourrait compliquer la mise en place de cette nouvelle structure.

Lors du prochain Conseil d'administration, le 15 septembre, le groupe devrait par ailleurs annoncer la commande d'une centaine de long-courriers, dont une majorité en options pour éviter une sortie de trésorerie.

Les administrateurs devraient également nommer très prochainement un nouveau directeur général d'Air France, afin de préparer la succession de M. Gourgeon, 65 ans, qui dispose actuellement de la double casquette de patron d'Air France-KLM et d'Air France.