Pas besoin d'être grand pour tirer son épingle du jeu face à la mondialisation!

Une PME montréalaise d'équipements de cabine d'avions effectue une percée majeure auprès d'un influent transporteur européen en passant par... la Chine!

Norduyn vient de conclure avec le groupe allemand Lufthansa un contrat qui pourrait lui valoir 100 millions de dollars en 10 ans pour la fourniture de milliers de chariots-repas pour avions.

Et c'est dans son usine en banlieue de Shanghai que Nordyon fabriquera ces milliers de chariots allégés en matériaux composites -une innovation prisée en aviation- qu'elle a mis au point ces dernières années à son siège social de Montréal. «Ce contrat avec LSG SkyChefs (filiale de Lufthansa) représente un lancement de grande valeur commerciale mais aussi de forte réputation pour nos chariots innovateurs», a expliqué Mathieu Boivin, président et co-actionnaire de Norduyn.

M. Boivin nous parle de la Chine, où il participe à la mission commerciale du Québec dirigée par le premier ministre Jean Charest.

À propos de la fabrication des chariots en Chine, M. Boivin s'empresse de souligner qu'elle ne s'effectuera pas au détriment de l'usine principale de Norduyn à Montréal, qui regroupe une centaine d'employés.

En fait, cette PME a une filiale industrielle en Chine depuis 2008. Elle emploie déjà une centaine de salariés et constitue une carte de visite importante pour percer le marché de l'aéronautique en Chine, en forte expansion.

La production de la première commande de 30 000 chariots en trois ans auprès de Lufthansa pourra donc commencer rapidement. De plus, Norduyn courtise déjà des transporteurs asiatiques d'importance comme Air China.

Pendant ce temps, à ses installations de Montréal, Norduyn poursuivra l'embauche de nombreux ingénieurs et techniciens afin d'augmenter sa capacité de devis spécifiques des chariots pour chaque client, de même que le suivi d'après-vente.

«Nous ajoutons les emplois à plus haute valeur ajoutée à Montréal», indique M. Boivin.

Norduyn devrait ainsi tripler son personnel technique à 45 employés d'ici 2015. Entre-temps, son chiffre d'affaires aura plus que doublé pour approcher les 50 millions.

Car après Lufthansa et, espère-t-on, d'influents clients asiatiques comme Air China, Norduyn a déjà «deux ou trois» gros transporteurs aériens d'Europe dans sa ligne de mire.

Mais pourquoi cet optimisme d'affaires envers des chariots-repas pour les avions?

Selon Mathieu Boivin, Norduyn est le premier fournisseur dans ce marché dominé par quelques grandes entreprises européennes qui soit parvenu à mettre au point un chariot en matériaux composites.

Or, ces chariots sont beaucoup plus efficaces que les modèles actuels en aluminium forgé.

D'abord, leur poids est inférieur de 25% environ, d'où des économies de carburant ou des gains de charges utiles payantes pour les transporteurs aériens.

Les chariots en composites sont aussi plus performants du point de vue thermique, réduisant de moitié la quantité de réfrigérant requise pour la conservation des aliments pendant les heures de vol.

«Pour de gros avions comme les Boeing 747 ou les Airbus 380, qui ont plus d'une centaine de chariots, le passage aux composites procure une réduction de poids d'environ 850 kilogrammes (1870 livres). Ça génère des économies de carburant ou des revenus additionnels de fret qui peuvent rembourser le coût de remplacement des chariots en deux ans à peine», selon le président de Norduyn.

Mathieu Boivin anticipe aussi que l'arrivée de chariots-repas allégés bousculera la «dynamique de marché» pour ces équipements de cabine parmi les transporteurs aériens.

«Les remplacements s'effectuent habituellement par lot de 10% de tous leurs chariots en aluminium. Avec les composites, les gains d'efficacité sont tels que des transporteurs comme Lufthansa décident de remplacer tous leurs chariots en quelques années à peine», explique le président de Norduyn.

Bref, un important marché s'apprête à décoller. Et c'est une PME montréalaise qui est première en piste!