Boeing va enfin pouvoir mettre en service son nouveau long-courrier 787 «Dreamliner», avec plus de trois ans de retard sur le calendrier initial, après avoir reçu vendredi l'approbation des autorités américaines et européennes.

«La certification est une étape qui valide ce que nous avons promis au monde depuis que nous avons commencé à parler de cet appareil», a commenté le patron de l'avionneur, Jim Albaugh.

Le Dreamliner est un pari industriel pour Boeing, avec une utilisation massive de matériaux composites représentant plus de la moitié du poids de l'appareil, une première pour un grand constructeur. Cette spécificité lui permet d'alléger l'avion et réduire sa consommation de carburant d'au moins 20%.

C'est «une avancée technologique formidable - de celles qui posent les bases de nouvelles innovations», a réagi le secrétaire américain aux Transports Ray LaHood. Le nouvel appareil est «économe en carburant et réduit le bruit, minimisant ainsi son impact sur l'environnement.»

L'avion représente aussi un succès commercial pour le constructeur, qui a enregistré plus de 800 commandes de cet appareil pouvant transporter 210 à 290 passagers.

Il a pourtant connu de nombreux déboires. Les premières livraisons avaient été prévues pour mai 2008 mais ont dû être différées plusieurs fois.

Le nouveau modèle industriel mis en place pour le 787 repose en effet sur une production éclatée en de multiples sites et un recours aux sous-traitants plus important que jamais, entraînant pour l'avionneur des coûts de supervision beaucoup plus élevés que prévu.

Le programme a aussi été victime d'un incendie durant un vol d'essai en novembre 2010.

Ces problèmes de production et les retards ont coûté à Boeing des milliards de dollars et des annulations de commandes. Ils ont aussi représenté une aubaine pour son concurrent européen Airbus, dont le modèle A330 vise un marché similaire en termes de capacité.

Mais le constructeur américain a finalement reçu vendredi la certification de l'Administration fédérale de l'aviation aux Etats-Unis (FAA) et de l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA), indiquant que l'appareil répond à tous les règlements en vigueur.

Elle vaut pour les appareils équipés de moteurs Rolls-Royce. Le constructeur travaille aussi à une autre version de l'avion fonctionnant avec des moteurs General Electric.

Le premier exemplaire du 787 sera réceptionné par la compagnie aérienne japonaise All Nippon Airways (ANA) le 25 septembre. L'appareil doit atterir pour la première fois à Tokyo le 28 septembre.

«L'avion est prêt, ANA est prête et Boeing est prêt», a commenté Jim Albaugh lors d'une cérémonie à l'usine d'Everett (nord-ouest) où a été assemblé l'appareil.

ANA avait été la première à passer commande du 787 en avril 2004. Elle espérait initialement recevoir son premier appareil en 2008, à temps pour transporter les spectateurs nippons aux Jeux olympiques de Pékin.

Parmi les autres compagnies ayant passé des commandes importantes figurent United Airlines, Qatar Airways, Japan Airlines, Etihad Airways ou Air India.

Boeing avait lancé son programme en avril 2004. L'avion s'était pour la première fois envolé en décembre 2009 et a depuis cumulé plus de 4 600 heures de vol.