Un Brésilien élégant, discret, posé, suit de près la partie qui se joue entre Airbus, Boeing et Bombardier.

Selon le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, le succès de l'A320 Neo constitue le point marquant du Salon aéronautique du Bourget.

L'avionneur brésilien jongle avec la possibilité d'apporter des améliorations à sa famille de biréacteurs régionaux E-Jet (les Embraer 170 et 190), notamment avec un nouveau moteur et de nouvelles ailes.

Il pourrait aussi décider de remettre cette cure de rajeunissement à plus tard et lancer un plus gros appareil qui concurrencerait directement la CSeries et qui compterait, comme elle, des rangées de cinq sièges.

En plus de surveiller ce que fera Boeing avec son vénérable 737, Embraer observe donc les efforts de Bombardier.

«Ils ont de la difficulté à pénétrer le marché avec la CSeries», a affirmé M. Curado, au cours d'une entrevue accordée à La Presse Affaires dans le chalet d'Embraer .

Il a soutenu que cela ne surprenait pas les gens d'Embraer.

«Sur le marché, nous n'avons pas entendu de clients nous dire qu'ils voulaient un appareil juste un peu supérieur au A320 et au 737, a-t-il déclaré. Ils veulent quelque chose de très supérieur pour s'engager.»

Il a ajouté qu'il était difficile de s'en prendre à l'A320 et au Boeing 737, qui sont en fait des familles comptant un grand nombre de versions différentes.

«C'est difficile de faire sa place en n'étant optimisé que pour une niche, a-t-il soutenu. C'est ce qui est arrivé avec le Boeing 717 (le MD95, obtenu dans le cadre de l'acquisition de McDonnell Douglas). C'était un bon avion, compétitif, mais c'était un orphelin, sans frère ni soeur. Il ne s'est pas vendu.»

La direction d'Embraer soupèse donc avec soin la décision à prendre.

«Nous n'attendons pas par manque d'audace, mais parce que nous voulons nous assurer qu'il y aura un retour sur l'investissement, a déclaré M. Curado. D'ici la fin de l'année, nous serons probablement plus précis en ce qui concerne notre décision.».