Un concurrent de taille vient d'arriver dans les pattes de la société aéronautique montréalaise CMC Électronique: l'iPad.

Depuis quelques années, CMC offre sur le marché civil et militaire un organiseur de poste de pilotage, le PilotView. Il s'agit d'un petit instrument perfectionné à écran qui peut remplacer les lourdes mallettes de documents, manuels et cartes que les pilotes doivent transporter à bord. Son prix? Quelques milliers de dollars, selon les applications demandées par les clients.

Mais voilà, au moins deux transporteurs nord-américains, Alaska Airlines et Air Canada Express, ont choisi l'iPad, à 800$ pièce, pour accomplir des tâches similaires.

«Ce n'est pas grandiose, mais c'est un outil facile à utiliser, économique, qui répond à nos besoins», dit Al Read, directeur de l'exploitation de Sky Regional, qui assure les vols d'Air Canada Express entre Montréal et l'aéroport de l'île de Toronto.

Sky Regional a acquis 22 iPad pour équiper ses pilotes, un investissement pas très imposant.

«Il y a cinq ans, ces technologies étaient très dispendieuses, déclare M. Read au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires. Mais comme les autres technologies, les télévisions à écran géant, les ordinateurs portatifs, les prix ont baissé, c'est devenu plus abordable.»

Mises à jour

Il fait valoir qu'il est d'autant plus rentable de passer du papier à la version électronique. Il explique que les gros manuels en papier, insérés dans des cartables, doivent être constamment mis à jour: il faut que quelqu'un imprime les pages modifiées et les insèrent dans les cartables, une opération qui finit par coûter cher lorsqu'il faut remettre à jour des dizaines et des centaines de manuels.

M. Read note également que les grosses mallettes de documents en papier peuvent peser une vingtaine de kilos. Or, chaque kilo sur un avion finit par coûter cher en carburant.

«Lorsque le carburant coûte 100$ et plus le baril, les économies sont significatives», fait-il valoir.

De son côté, Air Alaska fait même valoir qu'elle pourra économiser parce que les pilotes se blesseront moins le dos parce qu'ils n'auront plus à traîner ces lourdes mallettes dans les aéroports.

Surprise

L'arrivée de l'iPad comme organiseur de poste de pilotage semble avoir quelque peu surpris CMC, qui conçoit et fabrique de nombreux instruments de pointe pour les postes de pilotage.

«C'est un produit que nous allons regarder très attentivement, indique la directrice des relations publiques de l'entreprise, Janka Dvornik. À long terme, c'est une menace, mais surtout pour le marché plus bas de gamme.»

Système certifié

Elle explique que le PilotView de CMC, plus haut de gamme, est un système certifié par les autorités qui offre des applications avancées aux clients, comme l'ADS-B (Automatic Dependent Surveillance-Broadcast), un système de localisation qui sera obligatoire sur tous les avions en 2020, et le CPDLC (Controller Pilot Data Link Communications), un nouveau système de communications entre les contrôleurs et les pilotes.

Par comparaison, l'iPad doit être rangé pendant le processus de décollage et d'atterrissage.

M. Dvornik ajoute que l'iPad a des faiblesses qu'il faudra résoudre. Il faudra notamment gérer les interférences électromagnétiques et les phases de décompression rapides.

«Nous avons fait des tests relativement aux phases de décompression et aux interférences électromagnétiques pour être certains que le produit était sécuritaire dans toutes les conditions, a rétorqué M. Read. Toutes les unités ont passé les tests avec succès. Cela fait un mois que nous utilisons l'iPad à bord et ça fonctionne extrêmement bien.»

CMC ne veut pas révéler quelle proportion de son chiffre d'affaires est liée aux organiseurs de poste de pilotage. Outre l'instrumentation pour les postes de pilotage, l'entreprise est également impliquée dans les communications par satellite.

CMC voit toutefois un avantage à l'entrée en scène de l'iPad dans le domaine des organiseurs de poste de pilotage.

«Ça confirme qu'il y a un intérêt pour un poste de pilotage sans papier», lance Mme Dvornik.