Paralysée par un litige qui l'oppose à des entreprises d'aviation, la direction de l'Aéroport de Saint-Hubert se dit victime d'une «poursuite-bâillon». La poursuite intentée à la fin mai nuit au bon fonctionnement de cette infrastructure névralgique de la Rive-Sud de Montréal, a affirmé hier son grand patron Pierre-Hugues Miller.

Il y a deux semaines, trois entreprises se sont adressées à la Cour supérieure pour empêcher la tenue d'une réunion du conseil d'administration de DASH-L, l'organisme à but non lucratif qui gère l'aéroport. À l'ordre du jour se trouvait une réforme administrative qu'elles perçoivent comme une tentative d'évincer les entreprises d'aviation de la gestion de l'organisme.

Contre-attaque

Hier, la direction de DASH-L a contre-attaqué: «Le présent litige est intenté dans le seul but de déstabiliser DASH-L et constitue une poursuite-bâillon», affirme le président du conseil d'administration, Pierre-Hugues Miller, dans une déclaration sous serment produite en cour.

Selon lui, la requête des entreprises est «prématurée». Le conseil devait certes discuter de la réforme, mais il est trop tôt pour déterminer si elle allait effectivement être adoptée. Et encore, la modification devra recevoir l'aval de l'assemblée des membres de DASH-L, qui est justement constituée en bonne partie d'entreprises d'aviation.

«Dans sa formulation actuelle, la demande d'injonction empêche le conseil d'administration et le comité exécutif de se réunir et, par le fait même, de voir au bon fonctionnement de DASH-L», poursuit M. Miller.

Le conseil de DASH-L comporte cinq élus de l'agglomération de Longueuil, quatre représentants de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud, et deux administrateurs désignés par une assemblée des membres. Règle générale, ces membres sont des entreprises ayant des intérêts dans l'aéroport, et elles désignent leurs représentants.

La modification proposée aurait pour effet d'exclure les entrepreneurs du conseil. Elle exclurait aussi les élus municipaux.

Bisbille

Des entreprises établies à l'aéroport de Saint-Hubert et DASH-L sont à couteaux tirés depuis des mois. La tension a monté d'un cran l'an dernier après que la direction eut adopté un règlement qui limite les heures de décollage et d'atterrissage des avions, dans la foulée de la controverse sur le bruit.

Des écoles de pilotage ont contesté cette mesure devant les tribunaux. L'affaire est toujours devant la Cour d'appel.

«Depuis près d'un an, DASH-L est empêchée d'exercer complètement son rôle, dénonce M. Miller dans sa déclaration. Son conseil d'administration est paralysé par des recours devant les tribunaux et par des conflits internes qui minent le travail des membres du conseil d'administration et nuit aux intérêts de DASH-L.»