Décidément, il n'y a rien de parfait pour l'industrie aéronautique: alors que le secteur civil s'apprête enfin à redécoller, le secteur militaire perd de la vitesse.

Pour compenser, PricewaterhouseCoopers (PwC) suggère à l'industrie de déborder sur ce qu'il appelle des «marchés adjacents», comme l'énergie éolienne et l'automobile.

Dans un nouveau rapport intitulé Gaining Technological Advantage, PwC fait valoir que l'industrie de l'aéronautique et de la défense a beaucoup de choses en commun avec l'industrie automobile.

«Les deux industries reposent sur la recherche et le développement et au cours des dernières années, les deux ont mis l'accent sur la réduction du poids et la réduction de la consommation», indique l'auteur du rapport, Neil Hampson.

Le marché de l'automobile

Il souligne notamment le potentiel que représentent les matériaux composites dans le secteur de l'automobile. Selon plusieurs experts, pour utiliser au maximum ces matériaux, il faudra ré-inventer totalement le design de l'automobile plutôt que simplement remplacer les pièces d'acier ou d'aluminium par des pièces réalisées en matériaux composites.

«Les entreprises de l'aéronautique et de la défense qui ont appris à tirer avantage des caractéristiques uniques des matériaux composites seraient bien placées pour établir des partenariats avec les manufacturiers automobiles pour deux raisons, indique le rapport. En premier lieu, l'expertise en design de ces entreprises peut aider les manufacturiers automobiles à mieux comprendre les différences fondamentales entre les métaux et les matériaux composites. En deuxième lieu, les procédés de fabrication qu'elles ont développés pour l'aéronautique et la défense pourraient s'appliquer aux pièces d'automobiles, réduisant ainsi les dépenses en équipement.»

PwC reconnaît toutefois qu'il existe de grandes différences entre les deux industries: alors que l'industrie automobile se fonde essentiellement sur la production de masse, on adapte davantage aux besoins spécifiques des clients les produits en aéronautique et en défense.

Selon PwC, l'industrie éolienne constitue un autre marché adjacent intéressant pour l'aéronautique et la défense, notamment en ce qui concerne les pales. Au cours des cinq prochaines années, le nombre d'éoliennes devrait doubler dans le monde.

«Les entreprises ont pris note», indique-t-on dans le rapport.

C'est ainsi qu'au Québec, Héroux-Devtek participe à la fabrication de composants de turbines éoliennes. Comme plusieurs autres entreprises de l'industrie aérospatiale canadienne, elle a un pied du côté civil et un autre du côté militaire.

La défense menacée

Dans un rapport rendu public hier, le Conference Board du Canada note que la défense représente 16,6% des revenus de l'industrie aérospatiale canadienne.

«Ces revenus sont menacés, note l'auteur du rapport, Lin Ai. Les gouvernements des États-Unis et de l'Europe sont des clients importants pour les produits canadiens. Or, aux prises avec des déficits grandissants, ces pays entendent couper des milliards de dollars de leurs budgets militaires au cours des prochaines années. Les occasions d'affaires pour les manufacturiers canadiens devraient donc rapetisser.»

Le rapport du Conference Board, Canada's Aerospace Product Manufacturing Industry, souligne toutefois que des marchés émergents comme l'Inde et la Chine pourraient représenter un intérêt pour l'industrie canadienne puisque ces pays entendent allouer des ressources importantes à des acquisitions militaires.

Le rapport note également que l'industrie canadienne pourrait bénéficier de la stratégie d'acquisitions militaires du gouvernement canadien.

«Au cours des 20 prochaines années, Ottawa dépensera près de 490 milliards de dollars en défense, écrit Lin Ai. Environ 41% de cette somme sera allouée aux nouvelles acquisitions et à l'entretien.»