Le Centre aéronautique de Mirabel de Pratt&Whitney Canada (P&WC) saura d'ici la fin de l'année s'il assemblera le moteur qui propulsera l'Airbus A320 Neo.

Il est déjà assuré que ce nouveau complexe procédera à l'assemblage et aux essais du moteur de la CSeries, une version de la même turbosoufflante à réducteur qui équipera le Neo et le MRJ, le nouveau biréacteur régional de Mitsubishi.

«Nous n'avons pas encore pris de décision, il est encore trop tôt pour dire où sera assemblé le moteur du Neo», a indiqué Louis Chênevert, le président et chef de la direction d'United Technologies Canada, la société mère de Pratt&Whitney et de P&WC.

M. Chênevert a délaissé ses bureaux de Hartford, au Connecticut, pour assister à l'inauguration du nouveau Centre aéronautique de Mirabel de P&WC hier.

C'est en décembre dernier qu'Airbus a lancé le Neo, une version remotorisée de son populaire A320. Le Neo a réussi son décollage: en quelques mois, il a récolté 332 commandes. Les clients ont le choix entre deux moteurs très différents sensés offrir des économies substantielles en carburant: le Leap-X du consortium CFM International et la turbosoufflante à réducteur de Pratt&Whitney. Or, jusqu'ici, personne n'a choisi le Leap-X. Les clients qui ont fait un choix ont opté pour le moteur de Pratt, une décision qui touche 240 appareils.

«Nous avons beaucoup de croissance devant nous, nous allons décider où nous allons effectuer le travail d'ici la fin de l'année, a déclaré le président de Pratt&Whitney, David Hess, qui a également participé à l'inauguration. Nous considérons Mirabel, c'est un très beau centre, mais il faut prendre en considération qu'il sera très occupé avec le moteur de la CSeries et le PW800.»

Le PW800 est un nouveau moteur lancé récemment par P&WC. Il devait propulser un nouveau biréacteur d'affaires de Cessna, le Columbus, mais en raison de la récession, Cessna a abandonné ce projet et le PW800 a perdu sa plateforme. Le président de P&WC, John Saabas, s'est toutefois montré très confiant hier.

«Il y a plusieurs avionneurs qui sont en train de faire des compétitions, a-t-il déclaré à la Presse Affaires. Il n'y a encore rien d'annoncé, mais nous sommes confiants qu'avec la technologie que nous avons, nous serons capables de remporter des compétitions.»

L'inauguration du Centre aéronautique de Mirabel de P&WC a réuni les grands noms de l'industrie aéronautique québécoise hier, de même que le premier ministre Jean Charest et pas moins de trois ministres québécois, dont le ministre des Finances Raymond Bachand. Le Centre de Mirabel a nécessité des investissements de 360 millions de dollars. Ce projet faisait partie d'un ensemble d'investissements d'un milliard de dollars annoncé en 2008. Le gouvernement du Québec s'était engagé à contribuer à ces projets à hauteur de 250 millions de dollars, soit 125 millions sous forme de prêts et 125 millions sous forme de subventions directes.

Le premier ministre Charest a indiqué que la décision d'appuyer P&WC avait suscité de sérieuses discussions au sein du conseil des ministres de l'époque, préoccupé par l'utilisation des fonds publics et de l'argent des contribuables.

«N'eut été de Raymond Bachand (alors ministre du Développement régional), le gouvernement du Québec n'aurait pas été dans ce projet, a révélé M. Charest. Il a eu raison de se battre.»

M. Saabas a affirmé que P&WC avait choisi de s'installer à Mirabel en raison de la qualité des infrastructures et des institutions académiques de la grande région montréalaise, mais aussi en raison du partenariat offert par les gouvernements du Québec et du Canada.

Pour sa part, M. Chênevert a fait valoir que cette décision aura des retombées pour 40 à 50 ans. Il a rappelé que dans les années 60, P&WC avait développé un moteur turbopropulseur révolutionnaire, le PT6. Cinquante années plus tard, ce moteur, qui n'a cessé d'être amélioré, est encore vendu partout dans le monde.

«Nous pensons que la turbosoufflante à réducteur et le PW800 auront le même succès que le PT6», a-t-il lancé.