Air Canada (T.AC.B) profitera de l'arrivée d'un gouvernement majoritaire à Ottawa pour réclamer un allégement du fardeau fiscal du secteur aérien.

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«Nous sommes heureux d'avoir un gouvernement majoritaire, a déclaré le président et chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, dans le cadre de l'assemblée annuelle de la société, hier. Nous espérons pouvoir mener des discussions concrètes sans un arrière-fond politique.»

Cela fait des années que le secteur du transport aérien dénonce une série de taxes et de frais qui réduisent la compétitivité des aéroports canadiens vis-à-vis des aéroports du sud de la frontière, comme Plattsburgh et Burlington, et la compétitivité des transporteurs canadiens.

Les frais les plus problématiques sont liés aux loyers fonciers que doivent verser les aéroports canadiens au gouvernement fédéral, au droit pour la sécurité des passagers du transport aérien, à la taxe d'accise fédérale sur le carburant et aux paiements que doit verser NavCanada pour le service de sa dette.

Ces frais se traduisent par des droits d'atterrissage plus élevés pour les transporteurs et par des factures plus salées pour les voyageurs.

«Les droits d'atterrissage sont 50% plus élevés à Toronto qu'à Detroit pour un même A320, a déploré M. Rovinescu. Nous estimons que si Air Canada était une société américaine, il lui en coûterait 1 milliard de dollars de moins en taxes et frais divers. C'est une question qui figure en haut de mon agenda. Depuis que le gouvernement est majoritaire, on peut espérer des discussions constructives.»

Il a expliqué aux journalistes qu'il était difficile pour un gouvernement minoritaire de prendre certaines décisions susceptibles d'être critiquées par d'autres.

«Il y a toujours une opposition entre les gens qui disent qu'il faut absolument taxer cette industrie jusqu'au bout parce qu'on a besoin de l'argent pour le fonds consolidé du Canada, et ceux qui pensent que si on fait un programme semblable à ce qu'on trouve aux États-Unis, ça va générer de l'activité pour le pays», a-t-il déclaré.

Air Canada fera face à une série d'autres défis en 2011, à commencer par la flambée des prix du carburant. Au premier trimestre, le transporteur a dû payer 120 millions de plus en carburant que la même période de l'exercice précédent. Pour l'ensemble de 2011, le transporteur aérien s'attend à une charge supplémentaire de 800 millions. Il entend limiter les dégâts avec des ajustements de capacité et des hausses de tarif et de suppléments pour le carburant.

Les négociations avec les syndicats constituent l'autre grand défi d'Air Canada. Ces négociations semblaient sur la bonne voie en avril avec la conclusion d'une entente de principe avec l'Association des pilotes d'Air Canada. Toutefois, le syndicat a dû reporter la ratification du vote devant la grogne des syndiqués, mécontents de se voir imposer un régime de retraite à cotisations déterminées et de se faire proposer la création d'un transporteur à bas prix, disposant d'une échelle salariale différente.

Le vote de ratification devrait maintenant avoir lieu à partir du 9 mai prochain.

«Il semble de plus en plus possible que la conclusion de nouvelles ententes avec les pilotes et les autres syndicats soit plus difficile que prévu et que le processus piétine pendant plusieurs mois, a écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport de recherche. Nous croyons que cette question continuera à planer, menaçante, au-dessus du titre d'Air Canada.»

L'action de catégorie B d'Air Canada a toutefois bondi de près de 4% hier pour clôturer à 2,35$ à la Bourse de Toronto. En dépit de la hausse des coûts du carburant, l'entreprise a réussi à limiter sa perte opérationnelle à 66 millions au premier trimestre de 2011, comparativement à une perte opérationnelle de 136 millions au premier trimestre de 2010.

«Alors que le premier trimestre est habituellement faible en raison de facteurs saisonniers, ces résultats sont la preuve que l'élan positif de l'an dernier se poursuit en 2011, a déclaré M. Rovinescu. Notre rendement s'améliore année après année.»

Les revenus liés aux passagers ont augmenté de 10,3% par rapport au premier trimestre de l'exercice 2010 grâce à une croissance de 5,7% du nombre de passagers et à une augmentation de 4,2% des tarifs et des suppléments pour le carburant.